LE HASARD VAINCU

22 mars —
27 avril 2019

 
NICOLAS DAUBANES

LE HASARD VAINCU

Exposition
22 mars – 27 avril 2019

> Nicolas Daubanes <

Pour sa première collaboration avec les Ateliers Vortex, Nicolas Daubanes produit une installation qui prolonge ses dernières expérimentations, mais la décline sous une forme inédite. Intégrée à sa série «  La vie quotidienne  », elle reprend le principe du dessin au scotch sur verre brisé en l’appliquant pour la première fois à l’échelle d’un bâtiment en bois. Son geste réitère celui des commerçants qui, durant la seconde guerre mondiale, protégeait ainsi leurs vitrines du souffle de potentielles explosions. Pour le plasticien, le soin cosmétique tout particulier qu’ils apportaient à ces dispositifs de protection, dessinant avec la bande adhésive des figures (fleurs, ciseaux…) ou des trames géométriques (rosaces, grilles ou frises), trahit la persistance d’un désir esthétique survivant, d’autant plus impérieux qu’il s’exprime dans un contexte de grande adversité. Fasciné par l’énergie de la révolte qui peut se déployer dans des situations de contrainte ou des lieux d’enfermement (prison, hôpital), Nicolas Daubanes la réinvestit ici lorsqu’il détruit au marteau la plaque de verre sur laquelle il vient de tracer le motif. La dimension ornementale du dessin tranche alors avec la modestie de cette architecture en sursis, au même titre que l’élégance des commerçants contrastait avec l’urgence de leur situation.

Du nom d’un recueil de notes du tueur en série Marcel Petiot rédigé en prison, l’exposition renvoie à sa manie de calculer toutes les combinaisons possibles de divers jeux de hasard pour en contredire la logique destinale. Condamné à perpétuité, celui qu’on surnomme «  le docteur Satan  » sublime ce qui n’est finalement qu’une façon de tuer le temps en un moyen d’opérer une inversion quasi métaphysique, de prendre le dessus sur la fatalité. Nicolas Daubanes, qui a travaillé à de nombreuses reprises en milieu pénitentiaire en collaboration avec des prisonniers, voit dans cette activité un authentique acte de résistance, un moyen pour l’élan vital de persévérer dans l’être. «  En pleine santé  » comme il le signe ironiquement en fin d’une lettre, aussi malade que prisonnier, Petiot organise son existence improductive et limitée autour de cette tentative obsessionnelle de lui donner une utilité. A son image, cette construction précaire tient à la seule force de son dessin, formant l’allégorie d’un art médecin ou résistant, d’un art qui permet de se tenir debout quand on n’a plus de raison de se lever.

Le motif de la structure, un treillis en croisillon, est directement inspiré d’une photographie d’une chambre funéraire construite dans le cimetière d’Isle of the Dead, en Tasmanie, où Nicolas Daubanes est allé récemment en résidence. Ayant ramassé sur cette île macabre des graines d’eucalyptus, il présente, en contrepoint de l’installation, une pousse en pleine germination, une manière de compenser son geste vandale par l’image d’une régénération naturelle, et d’opposer à l’effondrement de l’édifice le mouvement d’une élévation par le bas.

Florian Gaité, mars 2019


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> Conversation du 27 avril 2019 <


Photographies: © Les Ateliers Vortex, 2019

PRIX IMPRESSION PHOTOGRAPHIQUE VI

16 juin — 19 septembre 2021

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PRIX IMPRESSION
PHOTOGRAPHIQUE VI

Exposition hors-les-murs
Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône
16 juin 2021 — 19 septembre 2021

> Hélène Bellenger <

Dans la même logique que le dispositif de production de multiples d’artistes, Les Ateliers Vortex ont proposé pour la sixième fois une bourse de production photographique destinée à soutenir la jeune création contemporaine. Pour l’édition 2020, Les Ateliers Vortex et le musée Nicéphore Niépce ont primé le projet La Coulure de l’artiste Hélène Bellenger.

Cette démarche, soutenue par la Région Bourgogne-Franche-Comté dans le cadre de sa politique de soutien aux arts plastiques, porte un regard particulièrement attentif sur la valorisation de jeunes artistes et plus particulièrement en matière de création photographique contemporaine.

Depuis 2016, la remise de cette récompense est également portée par le musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône qui propose l’accompagnement technique de ses équipes, un accès inédit au musée ainsi que l’exposition de l’œuvre récompensée au sein de ses collections pour une durée de trois mois.

Initié en 2019 et 2020 sur deux glaciers français, La Coulure a retenu l’attention du jury du Prix Impression photographique pour son caractère poétique et sa dimension historiographique. Reposant sur une démarche exploratoire autour du procédé du cyanotype, cette production traduit tant une recherche sur le plan technique qu’une volonté d’illustrer la fonte des glaces.

Afin de déployer son projet et de préparer son accrochage, Hélène Bellenger a bénéficié d’un temps de recherche de quatre jours au sein du musée Nicéphore Niépce début 2021 et d’un accès à ses collections ainsi qu’à son laboratoire technique. L’artiste a ainsi eu la possibilité de mettre ses recherches en perspective avec une iconographie propre à l’exploration glaciaire historique et de réaliser un ensemble de tirages.

Hélène Bellenger, Sans titre (le naufrage), 2020.
© Hélène Bellenger

BIENNALE CARBONE

30 octobre — 8 novembre

BIENNALE CARBONE
Exposition hors-les-murs
Saint-Étienne
30 octobre — 8 novembre

> Fanny Durand <
> Thomas Fontaine <
> Fiona Lindron <
> Annelise Ragno <

…3600 fois par heure, 6500 kelvins, 127 femmes, 9 mètres de soie, 516 décibels, 3,8 kilogrammes de miroir, 180 mètres carré de dalles d’agencement aggloméré hydrofuge, 7 kilogrammes de feuilles de plomb, 133 mètres linéaires de gravure numérique sur marbre des Pyrénées, 64 plis, 75 centimètres cube de verre pilé, 5 siècles avant J-C, 1 entaille, 19488 X 12992 pixels, 200 kilogrammes d’anthracite, 7 tours sur soi-même, 1 fumigène, 2700 lumens, 250 milligrammes d’acétazolamide, 27 mètres carré de papier OCE qualité poster-160gr, 1 tétraèdre, 1000 kilo-grammes de marbre, 65 pouces, 30000 candelas, 270 grammes par mètre carré de papier, 1 frame, 230 litres de sueur, 45 tours par minute, 6 x 100 watts, 1 gramme de cacahuète.


C’est dans la pénombre du soir tombant que l’exposition « 3 600 fois par heure » révèle tout son éclat. Bien que son titre rende hommage au poème baudelairien « L’Horloge », ce sont d’autres vers qui semblent ici résonner. L’irrésistible Nuit établit son empire / Noire, humide, funeste et pleine de frissons1. Si la période n’est pas à l’apologie du crépuscule, c’est pourtant à l’heure entre chien et loup que les œuvres s’éclairent et gagnent en intensité et en profondeur.

Dès la façade de cette ancienne banque en déshérence, le ton est donné. Et l’esprit belliqueux le dispute aux ténèbres. Près d’une porte condamnée, le texte de Fanny Durand ouvre les hostilités, se détachant sur fond d’un noir de meudon qui semble badigeonné à la hâte. Ce fragment des Chroniques pour Penthésilée exhorte le regardeur à s’adonner à un rite guerrier mais charnel, héritage des lointaines amazones et de leur sensualité mortelle. Sur l’autre pan de façade, on tombe nez-à-nez avec le regard de pierre des Tyché, créatures divines antiques dont la fine couverture de verre pilé contraste avec leur froide beauté, avertissement au vandale qui voudrait les déloger. Ce dispositif, inspiré des grandes heures du militantisme radical, fait directement écho aux barricades de Vorago. L’image vidéo qui projette son pale halo à travers la vitre opalescente prend, en effet, son ancrage sur un événement historique. En 2012 dans les Asturies, des mineurs se sont révoltés contre le pouvoir central. C’est un récit politique, mais surtout social qui se révèle alors.

Cette question du corps collectif est à l’essence même du projet des Ateliers Vortex. Fanny Durand, Thomas Fontaine, Fiona Lindron et Annelise Ragno, tous diplômés des beaux-arts de Dijon, se sont unis autour d’une même idée : c’est la somme de leurs individualités qui fait leur force et par là même, celle du lieu d’expositions, d’échanges, d’idées, de créations et de partages qu’ils ont créé.

La notion de corps social et son pendant individuel sont omniprésents dans l’exposition. Dès l’entrée, le visiteur se retrouve pris au piège d’un double miroir : celui de ce doux visage anonyme qui semble se refléter et de sa propre image qu’il serait séduisant de projeter sur le panneau laissé vacant. Mais la tentation d’identification est rendue malaisée par la nature même de cette figure au titre éloquent. Derrière This person does not exist se cache un site internet éponyme, qui, à chaque ouverture, confronte l’internaute à un nouveau portrait irréel, mais au naturel troublant. Faisant volte-face pour se détourner de ces regards jumeaux, le spectateur est à nouveau confronté à la présence de personnages ambiguës, dont la mise en scène se trouve à la convergence du virtuel et du réel. Par l’embrasure d’une fenêtre donnant sur un couloir, il découvreainsi une suite de portraits, qui, s’ils se présentent comme les avatars d’un jeu vidéo, sèment le trouble par l’authenticité de leurs traits et leur caractère commun. Sommes-nous donc ces pantins anonymes, à la merci d’un utilisateur oisif, ou les maîtres de notre propre identité ?

Retour dans la salle, où, aux côtés de l’image métallique d’un tsar déboulonné, pendue à la renverse comme pour accentuer son désaveu, le gaufrage papier d’Annelise Ragno convoque à nouveau la vision du poète. L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn2. En contrebas, une armée de christophines, végétaux ventrus aux pédoncules levés vers la lumière, introduit la nature et le vivant dans l’espace d’exposition.Ces nouvelles références invitent l’observateur à prêter aux œuvres une autre intentionnalité : celle des vestiges d’un culte antique immémorial. Offrandes de fruits, icônes déchues, fantôme géologique et cette couronne dorée posée à même le sol dans ce qui se révèle alors être le saint des saints, font corps dans une même universalité.

C’est un instant d’éternité qu’offre l’exposition, une respiration au cœur du chaos.

Marion Payrard

1 Charles Baudelaire, Les Épaves, « Le coucher du soleil romantique », 1866, Bruxelles

2 Victor Hugo, La Légendes des siècles, « La Conscience », 1859, Bruxelles

PRIX IMPRESSION PHOTOGRAPHIQUE V

13 février — 20 septembre 2020

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Isabella Hin au musée Nicéphore Niépce
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PRIX IMPRESSION
PHOTOGRAPHIQUE V

Exposition hors-les-murs
Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône
13 février 2020 — 20 septembre 2020

> Isabella Hin <

Dans la même logique que le dispositif de production de multiples d’artistes, Les Ateliers Vortex ont proposé pour la cinquième fois une bourse de production photographique destinée à soutenir la jeune création contemporaine.

Cette démarche, soutenue par la Région Bourgogne-Franche-Comté dans le cadre de sa politique de soutien aux arts plastiques, porte un regard particulièrement attentif sur la valorisation de jeunes artistes et plus particulièrement en matière de création photographique contemporaine.

Depuis 2016, la remise de cette récompense est également portée par le musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône qui propose l’accompagnement technique de ses équipes, un accès inédit au musée ainsi que l’exposition de l’œuvre récompensée au sein de ses collections pour une durée de trois mois.

Suite à un appel à projet, l’artiste lauréate Isabella Hin a reçu une bourse de production dotée par le Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté lui permettant de produire une série de quatre photographies.

Son projet a été inauguré lors du vernissage de l’exposition «percevoir, recevoir» de Jean-François Bauret au musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône le 13 février 2020.

Isabella Hin, Rupture, 2019.
© Isabella Hin (1) et le musée Nicéphore Niépce (2,3,4)

PRIX IMPRESSION PHOTOGRAPHIQUE IV

15 février — 19 mai 2019

PRIX IMPRESSION
PHOTOGRAPHIQUE IV

Exposition hors les murs
Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône
15 février 2019 — 19 mai 2019

> Coline Jourdan <

Vit et travaille à Rouen.

Dans la même logique que le dispositif de production de multiples d’artistes, Les Ateliers Vortex ont proposé pour la quatrième fois une bourse de production photographique destinée à soutenir la jeune création contemporaine.

Cette démarche, soutenue par la Région Bourgogne-Franche-Comté dans le cadre de sa politique de soutien aux arts plastiques, porte un regard particulièrement attentif sur la valorisation de jeunes artistes et plus particulièrement en matière de création photographique contemporaine.

Suite à un appel à projet, l’artiste lauréate Coline Jourdan a reçu une bourse de production dotée par le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté lui permettant de réaliser une héliogravure.

Le prix a été remis lors de l’inauguration des expositions «Probabilité 0.33» et «D’un jour à l’autre» de Virginie Marnat au musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône en février 2019.

> Coline Jourdan <

« Soumise à la morsure » est un projet photographique ancré sur le territoire où vit Coline Jourdan. Il s’inspire du déversement d’eau de javel dans la rivière du Cailly, l’un des affluents de la Seine, en 2009. Cette pièce est une réflexion sur le paysage qui oscille entre vision romantique et une inquiétude face aux bouleversements environnementaux. Pour ce projet, la pellicule est révélée à l’eau de javel. Il résulte de cette interaction chimique des images noircies et tachetées dans lesquelles tente de persister des fragments de paysages.

Coline Jourdan, Soumise à la morsure, 2019.

Photographies :
© Les Ateliers Vortex & le musée Nicéphore Niépce, 2019

SUPERVUES

15 février — 19 mai 2019

SUPERVUES

Exposition hors-les-murs
Hôtel Burrhus, Vaison-la-Romaine
14-15-16 décembre 2018

> Marion Lemaître <

Vit et travaille en Côte d’Or

Chaque année, l’Hôtel Burrhus de Vaison-la-Romaine propose à une trentaine de structures du champs des arts visuels d’inviter un artiste dont les œuvres sont présentées dans l’une de ses chambres. En décembre 2018, Les Ateliers Vortex proposaient donc à Marion Lemaître d’y participer.

« Courant décembre, l’hôtel Burrhus affiche complet afin d’accueillir artistes, galeries, centres d’art, collectionneurs et associations en prenant les allures d’une mini-foire d’art contemporain, Supervues. Environ trente-cinq artistes sont sélectionnés afin de montrer ou de faire découvrir leur travail. Chacun dispose d’une chambre tirée au sort et numérotée, avec l’opportunité d’habiter le lieu comme il le souhaite. Seule contrainte : garder le lit afin qu’il puisse être logé dans l’hôtel. Une « carte blanche », une occasion de métamorphoser une partie de notre quotidien et de séjourner dans l’intimité d’une œuvre d’art. La complexité des rapports entre la création et l’espace domestique se dévoile.
Durant un week-end, le public est invité à rencontrer les artistes exposés, en découvrant un hôtel qui diffère des autres, un lieu proposant des échanges rares. Burrhus se transforme alors en plateforme culturelle, créant une mise en réseau entre artistes, galeries et collectionneurs où conversations et débats sur l’art contemporain se multiplient. »

« Intuitivement, par la dynamique créée entre expérimentations et réflexion, il me semble que le travail de Marion Lemaître rejoint un des principes formulés par Paul Klee : le travail artistique doit désormais trouver son origine, son « point de commencement » dans le contradictoire, l’ambivalent. Ce qui n’est ni bon ni mauvais, parce qu’à la fois bon et mauvais. C’est dans ces termes que Klee définissait ainsi, dans l’espace pictural, ce qu’il appelait « le point gris » : « Ce point est gris parce qu’il n’est ni blanc ni noir ou parce qu’il est blanc tout autant que noir. Il est gris parce qu’il n’est ni en haut ni en bas ou parce qu’il est en haut autant qu’en bas. Gris parce qu’il n’est ni chaud ni froid. Gris parce que point non-dimensionnel, point entre les dimensions et à leur intersection, au croisement des chemins.1 »

Pierre Guislain, extrait de Autour des pierres blanches, 2016.

1Paul Klee, Note sur le point gris, texte repris dans Théorie de l’art moderne, Folio essais, Gallimard.