VEINS

26 mai – 01 juillet 2023



VEINS

Exposition
Du 26 mai au 01 juillet 2023

Antoine Renard <

Les Ateliers Vortex invitent Antoine Renard à produire une nouvelle installation dans leur espace d’exposition.

Antoine Renard s’intéresse aux processus de réparations et de soin, à la fois corporels, psychiques, intimes et collectifs. Son travail est fortement influencé par les multiples séjours de recherches qu’il effectue en Amazonie Péruvienne depuis 2018, lors desquels il s’est initié aux pratiques rituelles des guérisseurs Perfumeros, Ayahuasceros et Washumeros.

Depuis plusieurs années, l’artiste déploie une pratique marquée par les dimensions architecturale, olfactive et sonore de ces oeuvres. Utilisant l’espace et les sens comme catalyseurs et véhicules émotionnels.

Abordant la question de l’adolescence et du corps en transition, l’artiste travaille à partir d’histoires, de fait divers et de monuments de la culture occidentale qu’il déconstruit et transpose spatialement et sculpturalement, créant des environnements immersifs ou se croisent nouvelles technologies, pop culture et pratiques ritualisées.

Veins (les veines) est le titre d’une chanson du rappeur Lil Peep, décédé d’une overdose en 2017 à l’âge de 21 ans. La chanson relate un chagrin d’amour mélancolique et brutal, comme on peut en vivre à 20 ans. Entre drogue, sexisme et auto destruction, Veins nous transporte dans une allégorie de l’amour comme une substance toxique circulant dans les veines, abordant d’une manière propre à Lil Peep la question de l’abandon, de la peine et de la réparation.

Utilisant la chanson comme matière première, l’installation Veins est une déconstruction physique, psychique et mystique de ce titre iconique de la subculture des années 2010. Les différents éléments qui composent l’installation abordent la problématique de la douleur et de l’amour à la manière d’un rituel néo gothique, il s’agit d’une dérive «EMO» dans la matérialité vibratoire des expériences, des fantasmes et des émotions qui composent et décomposent les corps et les identités. Veins (les veines) est une installation composée d’une large grille métallique derrière laquelle une série d’enceintes diffusent une bande son aux fréquences lourdes et envoûtantes, ces fréquences sont issues du titre originale de Lil Peep. Travaillée en profondeur, étirées, altérés, retournés, la chanson devient une onde, une vibration presque physiologique appelant au recueillement et à la méditation. La grille, coupant et interdisant une partie de l’espace, est incrustée de larges motifs en forme de coeur en cire parfumée, tous rongés, fondus et percés, dégoulinant sur le sol de la pièce, comme une offrande, une série d’ex voto tour à tour matières, sentiments, fluides et symboles.

La troisième œuvre de l’installation est une série de textes, reprenant les paroles du titre Veins, Antoine Renard à demander au programme chatGPT de réécrire la chanson en interprétant chaque phrase comme une odeur. Le programme, se nourrissant du contenu global accessible en ligne, produit alors des réponses qui sortent le texte de la subjectivité de l’auteur pour l’amener dans un territoire de l’ordre de la mémoire collective. Chaque phrase devient alors une nouvelle histoire générée par la machine, comme autant de possibilités de régénérations, d’interprétations, à la fois lyrique, olfactive et émotionnelle de l’œuvre.


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Photographies : © Pauline Rosen-Cros, 2023

MEUNIER, TU DORS

17 mars – 29 avril 2023


MEUNIER, TU DORS

Exposition
Du 17 mars au 29 avril 2023

Nathan Carême <

« Régulièrement, des habitants de Marsannay-le-Bois, Épagny et Savigny-le-Sec ressentent des vibrations dans leurs maisons. Certains constatent des fissures. Les regards se tournent vers la carrière Socalcor, située dans les communes d’Épagny et Savigny-le-Sec. »

Le Bien Public, 09/10/2018

Ça commence comme ça, on parle avec Nathan de quelque chose qui vient du sol, qui perturbe. Il me raconte que les gens qui habitent à côté de la carrière dans laquelle il a filmé Le Marchand de Sable se plaignent de vibrations venues du sol. Je lui parle de Signes de Vie de Herzog, il me semble que les vibrations du sol provoquées par les canons font croire au personnage principal que le diable lui parle. Je ne m’en souviens pas vraiment alors je ne m’étends pas. On parle d’une vidéo virale, en Chine des centaines de moutons se sont mis à tourner en rond sans interruption pendant 12 jours consécutifs. Une théorie émerge, les moutons auraient la listériose, une maladie qui cause des troubles de l’orientation. Mais le propriétaire dit que ses moutons sont en bonne santé. C’est écrit en gras dans l’article que je lis, je trouve ça bien, c’est une sorte de clef de voûte d’une interprétation mystique de l’événement. On parle au téléphone de ça, du côté mystique et du côté viral de certaines infos. On parle de fourmis qui, lorsqu’elles perdent le chemin de leur essaim se mettent ensemble à tourner en rond jusqu’à mourir d’épuisement. Le parallèle avec l’expo est bien, elle s’appelle Meunier Tu Dors comme la chanson pour enfants. Les paroles d’origines sont celles-ci :

« Meunier tu dors, ton moulin, ton moulin va trop vite
Meunier, tu dors, ton moulin, ton moulin va trop fort
Ton moulin, ton moulin va trop vite
Ton moulin, ton moulin va trop fort »

Un moulin tournant trop vite peut exploser à cause de la poussière de farine qu’une étincelle issue des meules embrase. Wikipédia dit que d’autres paroles ont été ajoutées par la suite. Ça dit :

« Meunier tu dors, et le vent souffle souffle
Meunier tu dors, et le vent souffle fort
Les nuages, les nuages viennent vite,
Et l’orage et l’orage gronde fort !
Les nuages, les nuages viennent vite,
Et l’orage et l’orage gronde fort !
Le vent du Nord a déchiré la toile
Meunier, tu dors, ton moulin est bien mort »

La citation est pratique, elle me permet de mettre le mot mort que je ne voulais pas employer moi-même, mais plutôt convoqué, comme là avec la chanson, donc c’est fait. Je ne voulais pas parce que l’expo de Nathan ne parle pas de la mort, mais pourtant l’évoque. Elle rôde. Je pense à L’Intruse de Maurice Maeterlinck, une pièce de théâtre dans laquelle un vieil aveugle sent la mort arriver dans la maison pendant un repas de famille.

Non, la mort, il faudrait arriver à ne pas en parler dans le texte, juste la rendre présente. En fait, ce que je voudrais dire au sujet de l’expo de Nathan serait plutôt une histoire de poussière. On reparle de la vidéo, tournée dans la carrière évoquée dans l’article plus haut. La vidéo s’appelle Marchand de Sable, je lui dis que c’est marrant, à cause de Le Marchand de Sable, les gens des villages n’arrivent pas à dormir. On commence à parler de contradiction. Je lui rappelle que lorsqu’il m’a demandé d’écrire le texte, il m’avait dit « Je ne sais pas encore, mais l’expo sera sûrement un genre de grenier ». Alors qu’au téléphone, on ne parle que du fait d’être sous terre. Il me dit à ce sujet qu’une des photos de l’expo s’appellera Ci-dessus, ci-bas.

Je repense à mon histoire de poussière. Il veut remplir l’espace de ouate de cellulose et appeler ça Congère, comme les amas de neige entassés par le vent. Je lui parle de vrombissement, je lui dis que j’aimerais bien écrire le texte à ce sujet. Je lui dis que j’ai l’impression que son expo serait comme la poussière qui vrombit de manière infime, mais effective lorsqu’un train passe proche d’un grenier. Qu’il s’opérerait à ce moment-là une sorte d’ébranlement total d’une surface, de manière invisible. Il me dit qu’il n’aime pas trop les trains et qu’il préférerait que le texte n’en parle pas. Je pense quand même que l’image à une justesse, que je pourrais l’utiliser. Je crois qu’il faudrait que je précise. On parle un peu de nuées ardentes qui pétrifient tout, d’un coup net. On parle du fait que nous avons mis le même jour une photo d’un radiateur soufflant de la marque Pompéi en story sur Instagram, que nous avions tous les deux vu à Vortex, mais à des moments différents. Je repense aux nuées ardentes. C’est une nouvelle contradiction, après le fait que l’expo soit proche du ciel et sous terre à la fois, pour reprendre une expression utilisée pendant notre conversation. Elle évoque quelque chose qui se fige de manière instantanée et très lente en même temps. Je pense au paradoxe qui apparaît lorsque l’on pense à Pompéi, un évènement très soudain, qui a figé les choses en quelques secondes à peine, mais sur lequel deux mille ans sont passés ensuite. Il y a ce dialogue entre un instant précis, disruptif et un lent déclin. On parle de Robert Smithson et de sa métaphore de l’entropie :

« Imaginez un bac à sable divisé en deux, avec du sable noir d’un côté et du sable blanc de l’autre. Nous prenons un enfant et le faisons courir des centaines de fois dans le sens des aiguilles d’une montre dans le bac jusqu’à ce que le sable se mélange et commence à devenir gris ; ensuite, nous le faisons courir dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, mais le résultat ne sera pas une restauration de la division originale, mais un plus grand degré de grisaille et une augmentation de l’entropie. »

Nathan m’écrit plusieurs jours après pour savoir si le texte avance, je lui dis que je voudrais faire un texte qui ne parle pas de l’expo, mais qui évoque des choses, comme le fait son expo, elle ne parle pas d’une histoire, mais elle en évoque plein. Il est d’accord.

Andréa Spartà, 2023


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Photographies : © Siouzie Albiach, 2023

CONVERSATION entre Emma Riviera & Pascal Reydet

Samedi 5 novembre 2022


CONVERSATION

entre Emma Riviera & Pascal Reydet

Samedi 5 novembre 2022

Exposition HISTOIRES DE DIJON ET DE BOURGOGNE


> Pascal Reydet <

Pascal, cheminot à la retraite, a toujours fréquenté les gares et les trains. Enfant, il rêvait de devenir chef d’une toute petite gare avec un trafic suffisamment faible pour y installer un laboratoire photographique et agrandir ses photos entre deux trains. Pendant sa vie de cheminot consacrée aux trains, aux voyageurs, aux marchandises, il s’est plutôt occupé de grandes gares mais la poésie du ferroviaire ne l’a jamais quitté. Il aimera toujours les salles des pas perdus, les « quartiers de la gare », les cours marchandises, les postes d’aiguillage, les villes ferroviaires, les ateliers de locomotives, les lézards qui courent dans le ballast et les histoires de cheminots.

> Emma Riviera <

Emma Riviera est née en 1995 à Paris. Elle vit et travaille entre Marseille, Arles et Paris, France. Dans le cadre de la résidence d’été des Ateliers Vortex, Emma Riviera est allée explorer les territoires de la Bourgogne pendant deux mois. Au gré de ses rencontres, elle a retranscrit les histoires racontées, collecté des objets et réalisé des photographies. La pratique de la photographie d’Emma Riviera se concentre autour de la notion de rencontre, que ce soit avec un sujet ou un spectateur. L’artiste saisit l’instant de la rencontre pour le distordre, l’accorder à sa vision et à sa subjectivité. L’ambiguïté est présente, l’étrangeté, l’humour aussi. Son approche est intuitive, elle laisse le hasard et l’inattendu survenir, cru et nu. L’artiste explore ainsi la frontière entre la norme et la marge pour faire surgir du quotidien son étrange puissance.


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Crédit photographique : © Les Ateliers Vortex, 2022

PRIX IMPRESSION PHOTOGRAPHIQUE VIII

22 février — 21 mai 2023


PRIX IMPRESSION
PHOTOGRAPHIQUE VIII

Exposition hors-les-murs
Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône
22 février 2023 — 21 mai 2023

> Maxime Laguerre <

Dans la même logique que le dispositif de production de multiples d’artistes, Les Ateliers Vortex ont proposé pour la huitième fois une bourse de production photographique destinée à soutenir la jeune création contemporaine. Pour l’édition 2022, Les Ateliers Vortex et le musée Nicéphore Niépce ont primé le projet photographique « … » de l’artiste Maxime Laguerre.

Cette démarche, soutenue par la Région Bourgogne-Franche-Comté dans le cadre de sa politique de soutien aux arts plastiques, porte un regard particulièrement attentif sur la valorisation de jeunes artistes et plus particulièrement en matière de création photographique contemporaine.

Depuis 2016, la remise de cette récompense est également portée par le musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône qui propose l’accompagnement technique de ses équipes, un accès inédit au musée ainsi que l’exposition de l’œuvre récompensée au sein de ses collections pour une durée de trois mois.

Afin de déployer son projet et de préparer son accrochage, Maxime Laguerre a bénéficié d’un temps de recherche de trois jours au sein du musée Nicéphore Niépce fin 2022 et d’un accès à ses collections ainsi qu’à son laboratoire technique.


« Ce travail est inspiré de l’œuvre d’Aimé Césaire, « Cahier d’un retour au pays natal », ainsi que par l’esthétique du carnet (tant le carnet de croquis, que de notes ou de voyage).
Pour ce projet, j’ai créé un ensemble d’œuvres assemblées autour d’un travail photographique réalisé en novembre 2021 au Togo. Mon but était de composer de nouvelles images à partir de ces photographies, du fonds iconographique du musée Nicéphore Niepce, de mes archives personnelles ainsi que de fragments de textes issus de différents auteurs afrodescendants.
J’ai souhaité une esthétique au plus proche du carnet de croquis où images, notes et références viennent s’entremêler et mettre en lumière une recherche artistique, tant plastique que théorique, autour des notions de Négritude, de Panafricanisme et de Mondialité afin de constituer un ensemble plastique qui saurait traduire au mieux ma découverte du continent africain. L’association de documents vient dialoguer et tisser une relation entre mon travail photographique et les œuvres constitutives de mon accomplissement en tant qu’artiste afrodescendant.
L’ensemble des portraits et de paysages a été réalisé entre les villes de Lomé et Kpalimé. Ce voyage fut mon premier contact avec le territoire africain. Ainsi, après plusieurs mois de gestation, il m’est apparu que la meilleure manière de donner du relief à cette expérience photographique soit de mettre mon travail en lien avec une iconographie précise, ainsi qu’avec les textes fondateurs de ma constitution en tant qu’Être créole, en tant qu’Être du «Tout-monde».»

Note d’intention – Maxime Laguerre


> Article du musée Nicéphore Niépce  <


Débris de synthèse – Collages sur tirages argentiques, 50 x 60 cm, 2023.
© musée Nicéphore Niépce & © Les Ateliers Vortex, 2023

CONVERSATION entre Nathan Carême & Mario Rega

Samedi 22 avril 2023


CONVERSATION

entre Nathan Carême & Mario Rega

Samedi 22 avril 2023

Exposition MEUNIER,TU DORS


> Mario Rega <

Mario Rega est ingénieur d’études au Centre de Recherches de Climatologie à l’Université de Bourgogne. Il conçoit des solutions permettant de faire avancer la science en conciliant les mondes de la recherche et de la technique. Ses travaux portent sur l’évolution de la température en ville, les maladies de la vigne, le gel, ou encore la pluie en milieu agricole. Depuis 2014, il installe des réseaux de mesure en ville, en forêt et dans les champs pour étudier l’impact du climat sur ces environnements.

> Nathan Carême <

Nathan Carême est né en 1997, il vit et travaille à Dijon. Après des études agricoles et paysagères, il est diplômé en 2020 de l’École Média Art (EMA) du Grand Chalon.

Nathan Carême observe les paysages façonnés par l’humanité, des sous-sols jusqu’au ciel, qu’ils soient urbains ou ruraux, en chantier ou en ruine. C’est toutefois depuis le sol qu’il repère l’impact de l’Homme sur l’environnement qui l’entoure, qu’il s’interroge sur notre rapport aux ressources naturelles et à leur transformation par la technique. De sa sensibilité romantique, résulte de douces et sombres rêveries qui répondent au danger imminent qui nous guette. Dans la pénombre de clairs-obscurs sculpturaux, il module la lumière et les espaces afin de nous révéler les reliefs, la profondeur et la fragilité de notre relation au monde. C’est alors que d’anciennes créatures surgissent des eaux troubles, pour nous conter les présages de la catastrophe qui menace ceux qui souhaitent que tout devienne toujours plus rapide. “Meunier tu dors, Ton moulin ton moulin va trop vite !”


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Lien vers l’exposition <


Crédit photographique : © Les Ateliers Vortex, 2023