Libérez les légumes

5 avril – 19 avril 2025

Libérez les légumes

Exposition
Du 5 avril au 19 avril 2025

>Gregoire Bergeret< >Raoul Bergeret-Kremer< >Julia Kremer< >Camille Llobet< >Thierry Mouillé< >Fabrice Pichat< >Linda Sanchez<>Adrien Vescovi< >Fumo Nero<  >Mewrant< >Artisanat Capilaire< 

 

Grégoire Bergeret est né à Annecy en 1988. Diplômé de l’ESAAA en 2005, il vivait et travaillait à Bruxelles. Si le travail de Grégoire Bergeret est protéiforme, c’est parce que son origine est dans l’expérience vécue, par définition plurielle et en grande partie imprévisible. Les pièces qui en résultent semblent être des états de matière soumise aux opérations du hasard, que l’artiste veut seulement rendre tel qu’il l’a perçu, ou qu’il provoque pour inviter l’imprévu dans la partie. Grégoire Bergeret a bénéficié de nombreuses expositions individuelles dont «Fingers in my glass»à The Windows 41 situé à Paris en 2008, « le but n’est pas le but et Ne rien faire, mais que rien ne soit pas fait» à la galerie Papillon à Paris en 2008 et 2011,mais aussi «Osmose, Point commun» à l’Espace d’art contemporain d’Annecy en 2018.Il a également participé à diverses expositions collectives à Paris, Bruxelles, Montreuil, ainsi qu’à l’étranger. Grégoire Bergeret est représenté par la galerie Papillon.

Raoul Bergeret-Kremer, fils de Grégoire Bergeret, exposera quelques dessins à l’occasion de cette exposition.

 

Julia Kremer est née en 1978 à Livry Gargan. Diplômée des écoles d’art de Perpignan et Cergy-Pontoise, elle vit et travaille à Bruxelles. Julia Kremer se concentre sur les photocopies, explorant les mécanismes de la photocopieuse à travers un protocole de triangulation qu’elle a créé. Elle déforme et découpe les copies pour en assembler les morceaux, produisant des textures fragmentées. Son travail se mêle à la publicité en cours, fusionnant l’art de la reproduction avec la culture de la consommation. En somme, Kremer fait de l’«ultra-publicité », où chaque copie devient un collage de l’instant commercial.

 

Camille Llobet est née en 1982 à Bonneville. Diplômée de l’ESAAA en 2007, elle vit et travaille à Sallanches. Chaque œuvre commence par une rencontre et un questionnement à expérimenter ensemble. J’imagine d’abord des dispositifs de tournage précis prenant le parti pris de l’expérience filmée et réalise ensuite des montages vidéos et sonores à la fois intuitifs et visant une radicalité formelle. Après avoir exploré l’oralité, le mouvement et la perception humaine comme des territoires de recherche lors de tournages en studio, j’ai déplacé mes protocoles de travail en haute montagne. Cet environnement complexe fait de roche, neige et glace est aujourd’hui en cours de mutation. Une transformation brutale due à l’accélération de la fonte des glaces et des écroulements rocheux qui place un temps géologique au niveau de celui d’une vie humaine.

 

Thierry Mouillé est né à Poitiers en 1962. Il vit et travaille à Paris. Il coordonne Le Laboratoire des intuitions, unité de recherche en art. Ancien pensionnaire de la Villa Médicis, son travail est présent dans de nombreuses collections publiques et privées. Depuis 1988, il a développé une activité protéiforme dans le cadre de la Fondation mouvante qui se prolonge notamment dans l’invention de modes de collaboration entre artistes et théoriciens aux confins de l’art et de la pensée. Il poursuit actuellement en collaboration avec David Zerbib, philosophe, le projet Dynamograma, projet performatif en multivers, dont les dernières sessions ont été programmées ces derniers mois au Palais de Tokyo, Paris et à New-York. Il dirige la revue Intuitive Notebook.

 

Fabrice Pichat est né en 1980 à Chambéry. Diplômé de l’ESAAA en 2005, il vit et travaille à Bruxelles. Fabrice Pichat explore ce qu’il appelle des Contre-Hypothèses de Perception à partir de lieux, de matérialités, de temporalités ; que nous pourrions toujours rencontrer et éprouver différemment. Ses installations interrogent les interactions entre les domaines du Tactile, du Visible et du Sonore et plus encore le rôle de la dissociation ou de la superposition de nos sens dans l’acte de percevoir.

 

Linda Sanchez est née en 1983 à Thonon-les-Bains. Diplômée en 2006 de l’ESAAA, elle vit et travaille à Marseille. Depuis plusieurs années, l’artiste développe un travail plastique entre sculpture, installation, dessin et vidéo. De l’horizontalité d’un plan d’eau à la trajectoire d’une chute, de la liquidité du sable à l’élasticité d’un liant, elle observe des phénomènes existants, les déplace, ajuste leur échelle, leur corrélation, leur durée. Les notions de hasard, d’ordre, de chute et de rapport au temps alimentent sa pratique. Ses oeuvres fixent le mouvement dans la matière, l’écrivent, le mesurent ou le transcrivent. Procédés, opérations, mécaniques et systèmes sont autant de modes de fabrication qui trouvent leur équivalence dans le langage de l’artiste. Son rapport à l’énonciation sous-tend, comme un script, un rapport non autoritaire au matériau en mouvement.

 

Adrien Vescovi est né 1981. Diplômé de l’ESAAA, il vit et travaille à Marseille depuis 2017 après une longue pratique installée dans les montagnes de Haute-Savoie. L’artiste réinvestit avec des enjeux contemporains la question de la toile libre et d’une peinture pensée à une échelle architecturale ou naturelle. L’importance du contexte dans lequel l’artiste vient installer ses œuvres est pour lui un facteur d’étude incontournable. Adrien compose des temporalités, assemble des couleurs travaillées par l’air (rayons du soleil et de la lune, la neige, pollution), la terre (ocres et végétaux), et le feu (cuissons). Sa manière de coudre est une façon de peindre. Le hasard est son allié.

 

Fumo Nero (~italo noise squelettique~/Paris) Ritournelle italienne, cold wave allemande, son d’usine Yamaha et chant en Italien. Le duo Fumo Nero tente de faire danser les squelettes sous la peau des zombies. Et ils y parviennent à merveille. Cabaret électronique de fête foraine des années 80 ou des années 2050, bande son d’un film qui n’existe pas encore, personnages issus d’un vieux pulp mexicain, orchestre sur un bateau fantôme qui relie notre monde à des îles inconnues, Antonella Paradiso et JP Bionaz sont des petites flammes électroniques qui dansent dans nos futures mémoires.

Eva Prouteau

 

Mewrant est un héritier de la techno des années 90, il applique un style autoproclamé de «Free-Techno». Sèche et légèrement acidifiée, sa musique se constitue en succession de boucles improvisées. Pour chaque Live il se constitue un setup particulier manifestant une volonté de repartir au point zéro de ses compositions.

 

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Photographies : © Pauline Rosen-Cros, 2025

Carton d’invitation: © Atelier Tout va bien

«Sans titre»  Sérigraphie tirée d’un dessin original de l’artiste

 40 exemplaires, 2024

Réalisé par sous la conduite de  Julian Lagoutte

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Reprises

7 février – 15 mars 2025

Reprises

Exposition
Du 9 mai au 14 juin 2025

>Mélanie Berger<

Mélanie Berger vit et travaille à Bruxelles. Elle déploie un travail de recherche sur papier autour de la transformation, de l’impermanence des formes et de leur interdépendance. Après des études aux Arts décoratifs de Paris et à la Cooper Union de New York, elle a publié un premier livre (Médée, 2006, éditions Warum) et réalisé de courts films d’animation, pour se plonger dans une pratique sur papier en constante évolution.

Son travail a été montré lors d’expositions collectives et personnelles en France : L’H du Siège, 2024; L’Art dans les Chapelles, 2023; Musée des Beaux Arts d’Arras, 2021; Château d’Oiron, 2017

En Belgique : La Part du Feu, 2022; Été 78, 2017; Greylight Project, 2016-2020

En Allemagne : Institut Français et Opekta, Cologne, 2013; Faroff, 2018

Et en Angleterre : Aspex, Portsmouth, 2010.

La galerie Archiraar à Bruxelles présente régulièrement son travail à Drawing Now (Paris), Art on Paper (Bruxelles) et Art Rotterdam. Elle a obtenu le Prix d’Art Contemporain du département de l’Isère en 2022 et a été nommée pour le Prix Pomona (Belgique) ainsi que pour le Prix Drawing Now (Paris) en 2025.

«J’explore l’impermanence dans le dessin, à la recherche de moments d’apparitions, d’instants subtils où l’informe se met soudain à parler, à communiquer — à devenir image. Les papiers sont pliés, agrafés, découpés à des formats choisis. Posés au sol, je leur applique par gestes successifs de l’huile, des pigments, de l’eau, du kaolin, de la terre, etc., réagissant en fonction des imprégnations, de la chaleur, de l’humidité. Des ensembles d’images apparaissent, des différences et similitudes se créent. Chaque dessin est un matériau à réactiver : son histoire, ses déplacements, imprégnations et mises au noir nourrissent l’ensemble, pensé comme un organisme en mouvement. Ces ensembles sont composés de façon ouverte, permettant la réorganisation perpétuelle. Cette pratique révèle de nombreux parallèles entre processus d’évolution, de transformation du vivant et processus de création : il y est toujours question d’échange, d’écosystème et d’interdépendance. Une façon de rappeler que nos gestes ne sont jamais détachés d’un contexte, mais s’inscrivent dans des systèmes complexes et mouvants.»

— Mélanie Berger

 

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Photographies : © Pauline Rosen-Cros, 2025

 

«5 place de la halle 24 350 Lisle, France» Sérigraphie sur papier de LolaGonzàlez, 40 exemplaires, 2024

Réalisé par sous la conduite de  Julian Lagoutte

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Carton d’invitation: © Atelier Tout va bien

 

Sentinelles de la nuit

7 février – 15 mars 2025

Sentinelles de la nuit

Exposition
Du 7 février au 15 mars 2025

>Lola Gonzàlez<

 

À un moment,

       depuis novembre, août ou juillet

j’ai eu un goût d’incendie dans la bouche,

puis une odeur de brûlé dans le nez

Depuis, il coule régulièrement

.       bouleau, cerisier, étamines et gruaux

on peut devenir allergique à tout moment

Moi je continue de penser que quelque chose

a pris feu, peut-être pas encore,

peut-être pas quelque chose

Benjamin Collet, À un moment

(extrait de La maison croissante, 2024)

 

 

Lola Gonzàlez est née en 1988 à Angoulême.

Diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Lyon en 2012, artiste pluridisciplinaire, elle développe depuis plusieurs années un travail à la croisée de la vidéo, du son et de la performance.

Questionnant les notions de collectif, d’engagement, d’amitié, de génération, ses travaux interrogent nos peurs communes et nos espoirs pour l’avenir.

Ses recherches se développent dans plusieurs pays au sein de différentes communautés amicales.

Ses pièces ont été montrées dans de nombreuses institutions françaises et étrangères, comme le MAC de Lyon, le Centre Georges Pompidou, le Palais de Tokyo, le MAAT à Lisbonne, le Centre de la photographie de Genève, au Belvedere21 à Vienne, etc.

Elle a été nominée à différents prix d’art contemporain parmi lesquels le Prix Ricard en 2017 ou encore le Prix Meurice dont elle a été lauréate en 2016.

Ses pièces font partie de nombreuses collections françaises, FRACs, MACVAL, Fondation Kadist. Elle est représentée par la galerie Marcelle Alix à Paris depuis 2015.

 

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Photographies : © Pauline Rosen-Cros, 2025

 

«5 place de la halle 24 350 Lisle, France» Sérigraphie sur papier de LolaGonzàlez, 40 exemplaires, 2024

Réalisé par sous la conduite de  Julian Lagoutte

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Carton d’invitation: © Atelier Tout va bien

 

empire

17 mai – 29 juin 2024

 

empire

Exposition
Du 17 mai au 29 juin 2024

> André Spartà <

 

Un monde en pire

« Un dimanche ou un jour férié. Le genre de journée où tout semble s’être arrêté. Il n’a pas de rendez-vous, personne à voir, rien de prévu au calendrier. Une journée de libre. Une journée vide. Il habite un de ces espaces qu’on dit rénové, converti, une ancienne manufacture de savons dont on a oublié la cruauté. Un bâtiment ayant abrité des peines, de l’exploitation, des larmes, de l’intoxication, de la subordination, des dos courbés, des mains tendues de travail. Aujourd’hui le squelette de ferraille, les belles fenêtres cintrées, la verrière, le sol en béton, les tôles, les briques et la tuyauterie apparente ont été neutralisés. Il a bon goût — comprendre celui du confort moderne. Tout paraît bien fonctionner chez lui, l’intensité des lampes est modulable, les placards de la cuisine sont invisibles, il a fait cirer le béton. Du vestibule jusqu’au premier étage, l’atmosphère est traversée d’un minimalisme franc, d’objets de décoration discrets. Un espace d’aujourd’hui, charmant et propret, pour ne pas dire clinique.

Déjà une heure et demie de l’après-midi. Une heure fourbe, qui fait croire qu’on a encore la vie devant soi. Rien de prévu, personne à voir, une journée de libre. La semaine est passée vite, il travaille tard, le loft coûte bonbon et il voudrait faire insonoriser le toit qui bruit à chaque averse. Allongé dans son canapé gris, il essaie de penser à sa vie. On pourrait dire de sonder son âme. Mais avant même qu’il ne parvienne à gratter la surface de son inconscient, son regard attrape un mouton de poussière ; là, juste à côté de la commode qui cache le décodeur TNT. Il n’a pas de télé, mais l’objet était offert avec son abonnement “box internet premium”. Il a aussi un téléphone fixe, non branché, rangé dans un coin de la commode. Il pense à l’ironie du nom de ce meuble dit de commodité, censé rendre la vie plus agréable, finissant par servir de refuge à son matériel électronique, devenu encombrant pour sa paix intérieure, pesant lourd sur son goût du vide. Mais il faut bien se connecter au réseau informatique mondial, toute une esthétique ! Le temps de ces quelques lignes, le voilà déjà à quatre pattes, petit aspirateur à la main, en train de racler les recoins de son living presque vide. Il faudrait acheter un robot laveur. Pulsion de propreté assouvie, il part se reposer du côté de la chambre qui s’ouvre en suite — un critère au moment de l’achat, de même que l’architecture dite atypique. Il prend une douche, balance sa serviette ciel sur le coin de la rambarde qui mène au vestibule. Il ne voit pas que la lumière zénithale accentue les ombres du linge mouillé à tel point qu’on dirait une sculpture.

Assis par terre, il grignote quelques fruits achetés la veille à la hâte, leurs cadavres peu à peu abandonnés à ses pieds. C’est la déprime, il a même tiré les rideaux occultants sur la verrière. On dit broyer du noir. Seulement remarque-t-il que l’ancienne usine toute propre n’est jamais complètement dans l’obscurité. La lumière verte du décodeur trouble sa quiétude, il y a aussi le rouge de l’horloge du four micro-ondes. La couleur lui fait penser aux cerises qu’il a avalées, et au temps de cet après-midi passé à toute vitesse, alors que rien n’était prévu, qu’il n’avait personne à voir, une journée de libre, à quelques détails de ménage près. Une journée passée à ordonner son appartement confortable. Il s’est mis au diapason de son lieu de vie. Et pourtant l’eau goutte toujours dans le vestibule, il y a une fuite. Il ne faut pas qu’il oublie d’aller changer les seaux, comme toutes les deux heures. Tous les matins, l’entrée est mouillée car il ne peut pas assurer la ronde pendant son sommeil, même s’il dort mal : le bruit l’obsède. Il se demande si l’écho de la chute des gouttes est accentué par le métal des escaliers, de certaines parois du loft, et du toit. Il a la sensation que son rêve se retourne contre lui, ça comptait à ses yeux l’idée d’un lieu à soi.

Il s’était dit qu’il avait besoin de temps pour lui, que ça lui plaisait bien d’habiter seul, qu’il était introverti, de ceux qui rechargent leurs batteries sociales dans le secret de leur domicile. C’est raté, il n’arrive pas à s’assoupir, se retourne dans ses draps gris de grande surface. Ça gratte. Il se demande s’il a bien repassé ses chemises pour la semaine. Il se retourne, même les yeux fermés il perçoit, en tâches sur ses paupières, la lumière du four micro-ondes, du décodeur qui clignote. Il a laissé la fenêtre ouverte, un moucheron est passé. Pourvu qu’il n’ait pas pondu ses œufs dans la cuisine, il pense au risque d’une colonisation de parasites. Un verre d’eau d’angoisse à l’évier de la cuisine. En chemin vers le lit, il écrase les cadavres de fruits de l’après-midi : des noyaux, une peau de banane et trois trognons de pommes. Il a l’impression que ses déchets le dévisagent avec mesquinerie, lui rappelant qu’on ne peut rien laisser traîner dans une grande pièce ouverte à l’américaine, confortable, un open space. Il n’est toujours pas dans ses rêves, il va se mettre en télétravail demain, il est trois heures trente. La nuit n’en finit plus. Il n’avait pourtant rien de prévu, personne à voir, du temps libre, pour lui, une journée vide, l’occasion de voir venir. Tout était possible. Seulement avait-il oublié la vie propre des objets ordinaires, le travail d’équilibre que demande un appartement de bon goût, tout est visible, les contraintes du confort moderne, les ennuis que c’est de mener cette vie-là. L’ascendant des objets qu’on oublie de regarder, ceux qui nous surveillent, ceux de tous les jours. Ça se pèse un tel pouvoir invisible, c’est l’agencement des jours, leurs dispositions. Ça compte dans la balance des inquiétudes. Tout pondérer, tout organiser. Il tourne en rond. Il étouffe. Le dimanche, la vie en pire ».

Rémi Guezodje, 2024

 

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Photographies : © Pauline Rosen-Cros, 2024

 

« sans titre » Sérigraphie sur papier d’ André Spartà, 40 exemplaires, 2024

Réalisé par sous la conduite de  Julian Lagoutte

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Carton d’invitation: © Atelier Tout va bien

 

PROXI

8 mars – 20 avril 2024

 

 

 

PROXI 

Exposition
Du 8 mars au 20 avril 2024

> Karim Kal <

 

 

En plan serré

« Depuis le début des années 2000, le travail photographique de Karim Kal suit une évolution continue, méthodique et réfléchie. Dès ses Images d’Alger, la rigueur du cadrage, la sobriété documentaire, le choix du décor plutôt que de ses habitants sont déterminants. Ces éléments, combinés à une utilisation très personnelle et radicale de l’éclairage donneront lieu ensuite aux séries ultérieures, réalisées à la maison d’arrêt de Villefranche en 2012, au centre hospitalier de Chambéry en 2013, qui s’affranchissent de plus en plus des détails et affirment l’utilisation du noir et blanc. Au tournant des années 2013-15, ses oeuvres embrassent l’abstraction avec encore plus d’évidence : prises de vues nocturnes, rejetant la majeure partie du réel dans l’obscurité et tendant à une forme d’épure universaliste. La série Entourages (des plans frontaux sur des passages sous des barres d’immeubles, ou la série des Issues (photographies de fenêtres ouvertes sur la nuit) laissent au centre de l’image un large rectangle obscur. La Mer à Fort de l’eau, image prise à Alger en 2014, constitue à cet égard un point limite et une oeuvre à la beauté formelle saisissante. L’écume d’une vague est le seul élément visible, traçant une ligne d’eau toute proche dans une nuit profonde, séparant l’image comme le sont les rivages. Et l’évocation du lien passe par le titre, nom colonial du lieu, aujourd’hui nommé Bordj El Kiffan.

La tentation de l’abstraction dépasse tout effet purement formel, car son importance dans le travail de Karim Kal trouve ses sources dans l’histoire de l’art et notamment dans la peinture, où la radicalité géométrique (celle d’un Peter Haley par exemple) établi un rapport psychologique et social avec un environnement urbain normalisé, pensé pour la coercition.

Avec la série Proxi présentée aux Ateliers Vortex, Karim Kal se détourne de l’architecture, de ses images frontales des grands ensembles, des murs et des terrains vagues, c’est-à-dire des signes les plus évidents et massifs de la relégation sociale. L’utilisation d’un flash de très courte portée lui a permis depuis 10 ans d’isoler des premiers plans tellement épurés qu’ils prennent la force de signes. Ici, cet effet d’immersion dû à la proximité semble passer à un stade plus analytique avec le prélèvement direct d’objets, souvent glanés au sol, qui sont ensuite photographiés dans un tel rapprochement que les détails en sont magnifiés. Ainsi, l’artiste opère un passage entre une expérience de terrain, dans un quartier qu’il a lui-même habité, et une minutieuse pratique de studio et de post-production.

Quoi de commun entre une bulle de Nike Air, une canette de bière 8·6 aplatie, une datte, un morceau d’enrobé arraché du sol, un petit monticule de ras-el-hanout ? Un lieu, un moment et une démarche, car les objets photographiés proviennent tous du quartier de la Guillotière à Lyon. Recueillis ou achetés dans les commerces de détail, ils ont été choisis avec soin, comme les éléments indiciels les plus saillants de ce lieu qui cristallise la peur de l’échec des politiques publiques, largement instrumentalisée en 2022 lors de la visite très médiatisée du ministre de l’intérieur.

Urbanisées au milieu du XIXème siècle, ces rues de la rive gauche du Rhône demeurent aujourd’hui ce qu’elles ont toujours été : un point nodal particulier dans la ville, lieu de métissage, d’arrivées et de départs, de possibles, de mouvements. Avec quelques marqueurs d’une planification aux accents haussmanniens, des vestiges d’une activité d’artisanat et quelques immeubles sobres, ce quartier de Lyon semble être le plus parisien de tous, dans sa frénésie mélangée, qui éloigne de l’idée de province pour épouser celle de mondialisation.

Le fond noir et l’éclairage artificiel théâtralisé évoquent les publicités sur papier glacé, avec leurs objets de luxe que sont les montres, bijoux, champagnes et flacons de parfums. Les objets de la série Proxi sont les doubles populaires, réalistes et sans fard de ces objets de convoitise, témoignant eux aussi d’un statut social, mais à travers les usages de la rue. L’approche méthodique, l’isolement des objets, leurs titres purement descriptifs participent à l’aspect documentaire des images,

magnifiées par l’éclairage et un surgissement de détails très abondants. En recourant à une technique de superposition de prises de vues et cumulant ainsi plusieurs plans de netteté, Karim Kal capte un niveau d’information très supérieur au visible et convie à une observation clinique de chaque item, rendant les surfaces et les volumes aussi riches et fascinants que possible. Les transparences, les reflets, le découpage des silhouettes sur le fond, participent à l’effet de réalité saisissant produit par ces portraits d’objets, qui sont aussi transcendés par la vivacité des couleurs, un très fort contraste et un passage abrupt de l’ombre à la lumière la plus crue.

Karim Kal cite dans les sources de Proxi le livre de photographies d’Albert Renger-Patzsch (Le monde est beau, 1928), dans lequel celui-ci joue à esthétiser des bâtiments, des objets manufacturés ou des végétaux, par la composition, le cadrage et une grande précision. Renger-Patzsch met ainsi l’emphase sur d’heureuses géométries, des surfaces gourmandes de lumière, revendiquant une naïveté admirative, à la recherche de la perfection formelle intrinsèque de ses sujets et reprenant cette idée de la divinité du monde chère à Leibniz.

Jouant lui aussi sur la beauté très directe de ces portraits d’objets, Karim Kal nous les présente flottant dans une obscurité totale, un éther qui les isole et les muséifie comme dans une galerie d’ethnologie. Sélectionnés pour leur charge multiculturaliste, leur usage dans des pratiques transgressives ou témoignant d’une classe sociale qui les a adoptés plus ou moins volontairement comme ses signes distinctifs, les objets apportent avec eux le sous-texte d’une sociologie critique qui passe par la radicalité des formes et les choix techniques et esthétiques, comme dans les oeuvres antérieures de l’artiste. Dans une continuité remarquable, ces nouvelles oeuvres nous placent ainsi littéralement au plus près du sujet et trouvent un équilibre dans une dialectique entre documentaire et formalisme. Nous mettant face à ces objets paradigmatiques, Karim Kal en révèle l’intensité absolue, rappelant un slogan bien connu qui s’accorde d’ailleurs à l’accrochage « en affiches » de l’exposition : la beauté est dans la rue. »

Xavier Julien, 2024.

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Photographies : © Pauline Rosen-Cros, 2024

 

« Valium » Sérigraphie sur papier de Karim Kal, 40 exemplaires, 2024

Réalisé par sous la conduite de  Julian Lagoutte

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Journées Européennes du Patrimoine 2024

21 septembre 2024

Installation sonore

Samedi 21 septembre 

> Armand Louet <

 

 

« À travers une pratique de l’écoute, je m’intéresse à l’interdépendance des sons. C’est par un maillage aléatoire et continuellement en mouvement que se dessine un paysage. Quand je pars à la recherche des bruits du monde au sein de milieux naturels, la présence humaine est obligatoire. Alors que la biodiversité s’effondre, le bruit des machines rentre en confrontation avec le milieu naturel, ce qui génère une pollution.

Cinq sculptures en métal diffusent des enregistrements, témoins des pressions humaines sur les milieux naturels. Parfois léger, parfois en saturant l’espace. À travers ces orgues disposés comme une forêt de métal, j’invite à réfléchir sur la présence de l’être humain dans nos écosystèmes.

C’est en parallèle à mon mémoire intitulé « Et si le Bigbang était un Larsen » que cette problématique est née. Comment l’écologie sonore peut devenir une écologie politique.

Bruit du monde est aussi un ensemble de sculpture/instrument. J’utilise sous la forme de concert ces sculptures pour faire émerger les Larsen de chaque tube à l’aide d’un micro. Je travaille avec la matière sonore diffusée ainsi que la capacité résonnante des tuyaux. Cela créait des compositions douces, proches d’un son méditatif. »

– Armand Louet

 

&

Samedi 21 septembre au 26 octobre

> Antoine Château <

 

Les Ateliers Vortex ont initié un tout nouveau cycle d’exposition au rez-de-chaussée. Antoine Château initie ce nouveau programme. Antoine Château vit et travaille à Dijon. Diplômé de L’École supérieure d’art et de design de Saint-Étienne, il a exposé entre autres à Notre-Dame-de la-Salette à Marseille, à Duplex situé à Genève, au Palais de Tokyo, au Manoir (Mouthier-Haute-Pierre), à Bikini dans la ville de Lyon, aux Limbes à Saint-Étienne. À Dijon, il a fait parti de deux expositions collectives, l’une présentée aux ateliers Vortex en 2016 et l’autre, au Frac, en 2017 (La Peinture en apnée) ; il a également bénéficié d’une exposition personnelle à l’artist-run space des Chiffonniers, en 2019.

« Peindre pour essayer de voir autrement. Voir ce que je n’ai pas su voir, pas pu voir, pour une nouvelle façon de voir – (peindre autrement pour voir autrement). Je m’intéresse aux traitements de la couleur, à comment poser la couleur, à ses textures (pour une série de paysages, je cherchai des couleurs-mousse, spongieuses), qui combinées, striées, profondes ou en reflets matérialisent la lumière et ses volumes – images saisissables ayant prises – tactiles, visuelles ou spatiales. »

– Antoine Château

 

Conférence sur la crise

23 janvier 2025 – 19h

 

« Conférence sur la crise »,
le vendredi 18 avril 2025 à 19h.

> Morgane Baffier <

 

À l’occasion du finissage de l’exposition « Libérez les légumes »,
les Ateliers Vortex ont eu le plaisir d’inviter Morgane Baffier pour une conférence performée.

Morgane Baffier est une artiste conférencière basée à Paris. Elle est née en 1997 et son nom de famille dérive de l’ancien occitan “bafa” qui signifie “escroquerie”, il se peut que cette information soit importante pour comprendre son travail.

Elle élabore toutes sortes de théories et réflexions métaphysiques, les développant jusqu’à l’absurde. Dans une volonté de déconstruction des savoirs, elle s’approprie les codes utilisés dans les entreprises et sphères intellectuelles et tourne en dérision les systèmes de pouvoir et les statuts d’autorités qui conditionnent l’accès à la parole.

Diplômée de l’ENSAPC en 2020. Son travail a depuis été exposé au Art & Design Center de Fuzhou en Chine (2024), au 66ᵉ Salon de Montrouge, Paris (2022), au Théâtre des expositions des Beaux Arts de Paris (2023), à la Biennale de Mulhouse (2021) ainsi qu’à la Graineterie à Houilles en 2023 pour son premier solo show.
Elle est lauréate d’une bourse de recherche en post-master sur les intelligences artificielles à l’ENSP de Arles en 2024-2025, du Prix Marfa en 2023 et du prix MAD en 2022.

 

 

Concert Nina Garcia

23 janvier 2025 – 19h

 

Concert

jeudi 23 janvier 2025

> Nina Garcia <

 

Les ateliers vortex et Ici l’onde ont eu le plaisir d’inviter Nina Garcia pour une avant-première de son nouvel album « Bye Bye Bird ».


Depuis 2015, Nina Garcia mène un travail de recherche et de création autour de la guitare électrique à mi-chemin entre musique improvisée et noise. Son dispositif est réduit au minimum : une guitare, une pédale, un ampli avec lesquels elle taille le son et fouille le chaos pour en faire émerger l’inouï.

Bye Bye Bird fait place à l’intime et aux émotions.
Cet album est un disque de guitare électrique seule, sans effets, où en plus de son vocabulaire habituel (larsens, saturations, battements, bruits, dissonances).
Nina Garcia s’amuse de mélodies ensevelies. Elle approfondit la partie la plus récente de ses recherches, celle d’un jeu qu’elle nomme « ultra territorial » : la guitare électrique débranchée, un mini-micro électromagnétique dans la main droite, elle joue et capte les sons dans une zone extrêmement resserrée.
Ce système lui permet de développer un nouveau rapport au geste : celui du trop proche, du détail, du tremblement, de la vibration. Un jeu d’équilibriste avec les sons qu’elle ne cesse de chercher à attraper tout en les laissant filer.

En partenariat avec Ici l’Onde, Centre national de Création Musicale.