APÉRO
MULTIPLES
Soirée screening vidéo
22 mai 2015
> Loukia Alavanou <
> Alice Angeletti <
> Julia Charlotte Richter <
> Laure Cottin Stafanelli <
> Clarisse Hahn <
> Lucie Mercadal <
> Marko Schiefelbein <
> Corinna Schnitt <
> Emmanuel Van Der Auwera <
> Elizabeth Wurst <
À l’occasion de la carte blanche vidéo «Dos-à-dos», Les Ateliers Vortex, en partenariat avec l’ENSA de Dijon, ont présenté le travail de dix plasticiens vidéastes. Sous le commissariat de Lucie Mercadal et Laure Cottin Stefanelli, ce screening vidéo a été diffusé lors de la soirée Apéro Multiples où étaient présentés les nouveaux tee-shirts d’artistes sérigraphiés ainsi que les multiples de Fanny Durand.
Dos-à-dos, pour dire face-à-face, pour figurer le regard du filmeur sur l’homme qu’il filme. Dos-à-dos manifeste cet acte de regard à double détente, à la fois tourné vers soi-même, et en même temps vers l’autre. Faire un portrait engage un mouvement paradoxal qui a lieu à la fois pile et face caméra.
«Le sujet vire. […] Il vire du clair à l’obscur, du distinct au confus. Il perd son auréole. […] Le portrait procéderait moins de la vision de face — celle du modèle par le peintre ou le photographe — que de cette improbable vision que pratiquait Descartes en regardant depuis l’arrière d’un œil de bœuf tranché à travers lequel il espérait voir comment l’œil voyait [1].»
Dans Wishing Well, le visage de Blanche Neige épinglé au fond d’un puits, chante. Loukia Alavanou propose une réinterprétation gluante et morbide de la chanson naïve et romantique de Walt Disney.
Alice Angeletti, caméra au poing, succombe au fantasme du voyeur et assiège de désir sa cage d’escalier.
Dans un village du désert mexicain Clarisse Hahn filme des hommes, ils portent des blue jeans, des ceinturons imposants et des santiags. La réalisatrice reste en retrait, fascinée par la manifestation de cette masculinité stéréotypée.
Le nageur sort de l’eau, sa respiration est haletante. Dans son film, Laure Cottin Stefanelli observe les subtiles variations du corps de Timothy, de l’excitation au presque endormissement.
Dans Ball Spielen de Corinna Schnitt, un couple en tailleur et costume se provoque, se défie et se séduit en jouant au basketball.
Sur un banc, une fille et un garçon se reniflent longuement. Banc public de Lucie Mercadal parodie les prémisses de l’acte amoureux.
Dans sa performance filmée, You & me everyday, Elizabeth Wurst chaussée de bottes rouges déclare son amour aux pompes à essence.
Promised Land de Julia Charlotte Richter a lieu dans une salle de réunion aseptisée où un groupe de jeunes businessmen se livrent à un face à face insoutenable.
Dans Mustang jeans, de Marko Schiefelbein, de l’onirisme à l’ironie, une femme nous raconte son voyage en bus.
Enfin, dans une chambre d’hôtel, le visage de cire d’une poupée humaine élabore une étrange chorégraphie; la poupée, le cowboy, l’homme perdu, dans Theater of Oklahoma, Emmanuel Van der Auwera filme des faces qui deviennent des icones aux corps d’ectoplasmes.
Chacun de ces artistes, en définissant des rapports troubles de désir et de pouvoir, de manière frontale ou détournée, proposent une relation singulière à soi, à l’autre, au portrait et reprennent bien à leur compte la devise de Descartes, «Je m’avance masqué.»
[1]
Jean-Luc Nancy,
L’autre portrait,
Éditions Galilée,
Paris, 2013.
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