ANTOINE NESSI

Extra Résidence — Artiste en entreprise Automne 2020

> Antoine Nessi <

– Quels sont les liens existant entre ta pratique et le monde industriel  ?

Disons que, souvent, l’idée derrière ma pratique, c’est de produire des fictions industrielles, critiques, voire dystopiques, en utilisant autant que possible mes propres outils. Étrangement, une fois immergé dans le contexte purement industriel, ce statement m’intéresse moins, j’ai envie d’en dériver. Ça fonctionne quand il y a du fantasme entre l’usine et mon propre atelier. Maintenant, il va falloir inventer autre chose.

– Quelles interactions as-tu avec l’ensemble du personnel autour de ta présence et de ta pratique  ?

C’est à la fois de l’ordre de la technique – j’ai besoin de leur savoir-faire pour certaines réalisations – et à la fois de l’ordre d’une confrontation artistique. C’est très délicat parce que ce qui m’intéresse le plus (au-delà des outils et des machines) c’est la vie à l’usine, les journées de travail, les rapports de hiérarchie. Je voudrais que les œuvres dessinent une sorte de portrait de l’entreprise. Mais un portrait qui n’est pas vraiment de l’ordre du réalisme, plutôt des sculptures qui modélisent de manière complètement erratique et peut être absurde l’organisation de l’usine. Je sens qu’il y a des gens intéressés par ce que je fais, qui m’encouragent, et d’autres non.

– Quels atouts tirer d’une résidence en entreprise par rapport à une structure artistique  ?

C’est beaucoup plus dur, mais c’est ça qui est bien. On ne travaille pas comme sur une page blanche, dans un absolu idéalisé, mais sur un terrain qui est comme miné. Les formes sont déjà là, il faudrait arriver à les faire parler. Aussi, quand on est artiste, je pense qu’on se demande constamment à quoi l’on sert, mais là, on se le demande avec encore plus d’intensité ! On n’est plus rassuré et stimulé par son milieu. J’aime la sculpture, car pour moi, c’est ce qui se rapproche le plus du travail dans son sens primitif. On peut dire que ce sont les industriels qui ont «  sculpté  »le monde dans lequel on vit, qui ont sculpté nos vies. C’est de ça dont je veux parler au fond. Alors toutes les expériences pour confronter l’art et le monde du travail m’intéressent profondément.

Entretien avec Antoine Nessi


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