CONVERSATION

entre Nicolas Daubanes & Françoise Le Corre
Samedi 27 avril 2019

Exposition LE HASARD VAINCU


Françoise Le Corre

Née en 1959 à Quimper, vit et travaille à Dijon.
Elle aborde le domaine des arts, par une formation universitaire pluridisciplinaire à Paris I Panthéon-Sorbonne, en arts plastiques puis histoire de l’art: enseignements de Daniel Arasse, Dominique Château, Michel Journiac, Jean-Michel Palmier, Denys Riout… puis en conservation-restauration d’œuvres peintes. Elle termine ce cycle d’études en Italie, à Rome et à Florence auprès de Sergio Taiti et Paola Bracco (opificio delle pietre dure).
Son exercice professionnel relève de la conservation-restauration d’œuvres peintes pour les collections publiques.
Elle forme des étudiants et accueille des projets pédagogiques avec des scolaires.
Elle propose également des interventions sur l’art contemporain à l’université pour tous de Dijon (UTB).

Cette conversation fut la première d’une longue lignée. Elle fut l’occasion d’aborder de multiples sujets. À la suite de ce moment, un verre à été offert au public, afin de laisser la possibilité à chacun·e de prolonger la discussion de manière informelle.

Nicolas Daubanes

« J’investis des questions essentielles : la vie, la mort, la condition humaine et les formes sociales qui les façonnent. Dans mes derniers travaux, la vitesse, la fragilité, la porosité, l’aspect fantomal des images et des matières, transmettent la pression du passé au croisement de ce qui va advenir. Mon travail s’inscrit dans la durée, il dessine un chemin, une trajectoire qui tend vers la recherche de la liberté, du dégagement de la contrainte. Je tâche d’expérimenter l’intensité et la rigueur, je joue avec le danger, mental, visuel, physique, pour renforcer l’énergie créatrice et en transmettre la force. Je suis conduit par mon histoire, mes propres questions existentielles et par le choix d’une adéquation permanente et subtile entre forme et contenu.

Par exemple : le silicone, celui-là même qui habituellement est utilisé pour restaurer les bâtiments patrimoniaux, transposé, permet de créer un nouvel espace qui induit visuellement la disparition du mur d’origine et suggère une possible échappatoire (Série des Membranes). De cette façon, mue et peau s’introduisent dans mon propos. La limaille de fer, utilisée dans les dessins, renvoie aux barreaux des prisons, mais aussi aux limes qui permettent l’évasion. Cette matière fine et dangereuse pour l’oeil se dépose par aimantation tandis que le moindre souffle peut faire disparaitre le dessin. Ce qui apparaît est fragile, il faut en prendre soin et savoir que tout est éphémère. Le béton chargé de sucre, inspiré du geste vain des résistants pendant la seconde guerre mondiale, corrobore le caractère fugitif, temporaire des objets produits dans mon travail.

Il s’agit de voir avant la chute, avant la ruine, l’élan vital. »


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