CONFÉRENCE à l’institut Français de MAYENCE

26 novembre 2024

 

Conférence à l’Institut français de Mayence

Les Ateliers Vortex et PART

26 novembre 2024

 

Les ateliers vortex se sont associés avec PART, association artistique et culturel et l’institut français de Mayence.

Pour cette occasion, les ateliers vortex ont choisi de convier Aurore-Caroline Marty pour présenter une sélection de pièces et participer à une conférence autour de sa pratique.

D’une enfance bercée par les déménagements répétés dû à un père militaire, par la pratique de la danse classique avec ballet de fin d’année, par les passes temps folklorique des femmes de sa famille (pratique du crochet, du canevas, pâte à sel), et enfin par l’accumulation de bibelots et bondieuserie de sa grand mère, Aurore-Caroline Marty gardera des traits de caractère : le besoin de voyage, l’attrait du spectacle, la patience et la passion pour l’artisanat et enfin le goût du kitsch.
Son oeuvre est un héritage et une continuité de ce socle. La curiosité et l’investissement dans les divers champs de la création développent son approche multidisciplinaire mêlant rigueur et fantaisie, corps et décors, arts visuels et performance, artisanat et kitschothèque, sa collection d’objets de décoration ringarde.
Plutôt nomade que sédentaire, elle cherche sans cesse à nourrir son œuvre et ses investigations dans de nouveaux médiums, de nouveaux artisanats, de nouvelles cultures. Le voyage et le déplacement font partie intégrante de sa vie et donc de son travail devenant ainsi des sources, et  ressources. Aujourd’hui basée à Dijon, elle n’hésite pas à pousser les portes de son atelier pour des expériences d’apprentissage et de production afin de conduire son travail plus loin que les évidences. Son intarissable intérêt pour des expériences au-delà des frontières et du connu enrichissent son travail avec une expression toujours plus poussée.
Diplômée en 2010 de l’ENSA de Dijon, elle expose entre autre à la Villa du Parc d’Annemasse, à la Chapelle Ste Marie d’Annonay, aux Ateliers Vortex à Dijon, au CRAC19 de Montbéliard, à Chapelle XIV à Paris ou encore au Parc de Maison Banche à Marseille pour Arts Ephémères. Des résidences à Moly-Sabata, au FRAC Bourgogne, dans l’entreprise Protéor et dans différents lycées professionnels jalonnent son parcours ; celle du lycée des Marcs d’Or spécialité taille de pierre à Dijon, marque un tournant dans sa pratique par l’intégration de l’artisanat à son œuvre. Depuis elle se délecte à apprendre différents artisanats comme la céramique, le vitrail, la broderie d’art, le tissage de perles, le batik ou encore la fonte de métal pour les assimiler à ses propres formes.

Cette discussion fut suivie par une discussion autour de la création des ateliers vortex et de sa programmation artistique.

Ce projet a bénéficié du soutien du fond citoyen franco-allemand.

« Depuis juin 2022, PART s’est imposé, avec ses tournées des galeries et ses événements artistiques, comme un élément incontournable de la scène culturelle de Mayence et a montré l’importance de l’espace pour l’art et la culture dans la ville. Notre force réside dans le large éventail de domaines professionnels et d’intérêts dont nous sommes issus. Ce qui nous unit, c’est notre enthousiasme pour l’art et la culture. Notre objectif est d’améliorer la visibilité et l’accessibilité de la scène culturelle de Mayence, en favorisant un environnement bien connecté qui a un impact positif sur la communauté urbaine. Nous pensons qu’en réunissant des groupes divers, il est possible de cultiver un sens renouvelé de la communauté, où le dialogue fait tomber les barrières et ouvre la voie à de nouveaux projets et collaborations. Les conditions de participation à notre tournée des galeries reflètent nos valeurs : un sens de la communauté et une ouverture aux nouvelles idées. »

— Les équipes de PART

RÉSONANCES FLUVIALES

31 mai 2024

Retrouvez des extraits de la performance :

>Conférence performée<

 


LEs nourritures Politiques

Conférence performée hors-les-murs
Au Maquis, Écluse 51S – Lac Kir – Dijon
31 mai 2024

Co-production Les Ateliers Vortex et Zutique Production

Les Ateliers Vortex et Zutique Productions, désireux d’engager des collaborations pérennes, s’associent pour accueillir en résidence Au Maquis l’artiste Stéphanie Sagot dans le cadre d’une conférence perfomée.

> Stéphanie Sagot <

Vit et travaille à Montpellier

«En prenant pour point de départ la performance Eléments de langage créée en 2018 (Le Nouveau Ministère de l’Agriculture) portant sur les discours des ministres de l’agriculture français à travers l’Histoire ainsi que sur un corpus d’oeuvres issues de la littérature et des arts visuels des XXème et XXIème siècle, j’aborde notre manière de consommer notre Terre. Pour cela, les enjeux d’une monoculture de l’esprit (Vandana Shiva, 1993) et d’un réductionnisme mécaniste du vivant sont mis en perspectives pour aborder entre autres le réengagement contemporain de l’économie de subsistance ainsi que les luttes paysannes».

Stéphanie Sagot.

Images :
Stéphanie Sagot
Carte de tendre – Terre amoureuse, Férale
2023
Aquarelle sur papier, 100 x 150 cm
Stéphanie Sagot
Carte de Tendre – Terre amoureuse, Zone sensible / Enoki
2024
Aquarelle sur papier, 150 x 100 cm

Conversation entre Charles-Arthur Feuvrier & Julie Mommeja

Samedi 19 octobre 2024

CONVERSATION

entre Charles-Arthur Feuvrier & Julie Mommeja

Samedi 19 octobre

Exposition Next Age


> Julie Mommeja <

Julie Momméja est Maîtresse de Conférences en civilisation nord-américaine et en études médiatiques à l’Université de Lorraine.
Elle a obtenu son doctorat à la Sorbonne Nouvelle, où elle a rédigé sa thèse  « Du Whole Earth Catalog à la Long Now Foundation dans la baie de San Francisco : coévolution sur la “Frontière” créative (1955-2020) ». De 2014 à 2017, elle a été chercheuse invitée à UC Berkeley et est chercheuse associée à la Long Now Foundation depuis 2015.

Ses travaux portent sur les pionniers et penseurs de la contre-culture et de la cyberculture de la région de la baie de San Francisco, depuis la Beat Generation jusqu’aux hackers Do It Yourself.

 

> Charles-Arthur Feuvrier<

Charles-Arthur Feuvrier est né en 1997. Il vit et travaille à Marseille. Diplômé d’un DNA à l’ESA de la Réunion et d’un DNSEP à l’ENSBA de Lyon, il est actuellement résident à Artagon Marseille. Son travail a été montré entre autres à la galerie Feiertag à Kassel en Allemagne, au CAP de Saint-Fons et à Glassbox de Paris.

« Dans mon travail, les sculptures sont conçues comme un réseau global où circulent des informations. Dans ces réseaux neuronaux en carton-pâte, des idées, des vidéos et des images sont transmises. Bricolés de papier et de scotch, ils témoignent de la fragilité de certains discours ou révèlent du contenu étrange aux fondements idéologiques parfois douteux. Puisant dans les médias mainstream en ligne, c’est vers la résurgence du New Age et des pratiques spirituelles contemporaines que je me suis dirigé pour ce projet. Le New Age a souvent été décrit comme un réseau de réseaux (metanetwork), soulignant sa spécificité à croiser plusieurs croyances et à mélanger les réseaux. La prolifération des influenceur·euses et des coachs spirituels en ligne ces dix dernières années témoigne d’un besoin général de se soigner et de retrouver du sens là où il a été perdu. Le terme de conspiritualité a été utilisé pour décrire la forme spécifique qu’a prise cet ensemble de croyances depuis le début des années 2010 via les réseaux sociaux. Ces pratiques portent en elles un univers fictionnel et utopique énorme, mais aussi un potentiel de dérives très élevé. C’est sur cette ambiguïté que se situera l’enjeu de ce projet. »


> Accédez à la conversation <

Lien vers l’exposition <


© Les Ateliers Vortex, 2024

 

Conversation entre Andréa Spartà & Céline David-Nillet

samedi 29 juin 2024

CONVERSATION

entre Andréa Spartà & Céline David-Nillet

Samedi 29 juin 2024

Exposition empire


> Cécile David-Nillet <

« Je m’intéresse à la phénoménologie de l’existence. Je viens de terminer un projet d’écriture qui décrit comment passer de la vie à l’existence, nommé le paradoxe existentiel. Je propose ainsi des étapes pour nous libérer de nos conditionnements familiaux, éducationnels, culturels et sociétaux pour être libre, authentique et se réaliser ».

> Andréa Spartà <

« Je travaille généralement en utilisant des choses qui me percutent sans raison apparente, un morceau de plastique bleu autour d’une pêche, un tuyau d’arrosage, une vase antique, le menu délavé d’un traiteur chinois par exemple. Parfois, le choix n’est pas physique, mais plutôt de l’ordre de l’image. Je ne sais pas exactement ce qui génère le choix, mais il a souvent à voir avec une certaine domesticité. De ces choses, de ces images, je tente de garder une sorte de trame, que ce soit par l’objet ou l’image utilisé.e à l’origine. J’essaye alors de faire glisser ces trames, de les hybrider, de les croiser, de biaiser leurs familiarités tout en conservant suffisamment pour convoquer une image mentale commune à tous ».


> Accédez à la conversation <

Lien vers l’exposition <


© Les Ateliers Vortex, 2024

 

PRIX IMPRESSION IX

22 février — 18 mai 2025


PRIX IMPRESSION
PHOTOGRAPHIQUE IX

Exposition hors-les-murs
Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône
22 février — 18 mai 2025

> Prune Phi<

Dans la même logique que le dispositif de production de multiples d’artistes, Les Ateliers Vortex ont proposé pour la neuvième fois une bourse de production photographique destinée à soutenir la jeune création contemporaine. Pour l’édition 2024, Les Ateliers Vortex et le musée Nicéphore Niépce ont primé le projet photographique « Bottoms up» de l’artiste Prune Phi.

Cette démarche, soutenue par la Région Bourgogne-Franche-Comté dans le cadre de sa politique de soutien aux arts plastiques, porte un regard particulièrement attentif sur la valorisation de jeunes artistes et plus particulièrement en matière de création photographique contemporaine.

Depuis 2016, la remise de cette récompense est également portée par le musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône qui propose l’accompagnement technique de ses équipes, un accès inédit au musée ainsi que l’exposition de l’œuvre récompensée au sein de ses collections pour une durée de trois mois.

Afin de déployer son projet et de préparer son accrochage, Prune Phi a bénéficié d’un temps de recherche de trois jours au sein du musée Nicéphore Niépce fin 2024 et d’un accès à ses collections ainsi qu’à son laboratoire technique.


Née en 1991 à Paris, Prune Phi vit et travaille à Marseille. À la suite d’études en Arts Plastiques et d’un Master en Création Artistique, Théorie et Médiation, elle réalise une résidence d’un an au Birmingham Institute of Art and Design au Royaume-Uni puis intègre l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles dont elle est diplômée en 2018. Prune Phi a eu l’occasion d’exposer à la biennale contemporaine de Nîmes en 2024 et au Festival du Jeu de Paume «Paysages mouvants» à Paris en 2025. Elle est actuellement résidente à Artagon à Marseille. Dans un travail mixant formes, objets et photographies, Prune Phi explore les traces, les points d’ancrage, les lacunes de ce qui fait mémoire. L’interpénétration de souvenirs individuels et collectifs, de photographies de famille, d’imagerie officielle et d’objets exotisants devenus ordinaires, matérialise la complexité d’un récit de l’immigration vietnamienne.

«Bottoms up» est une installation composée d’étagères, d’un vaisselier, de verres à saké, d’images personnelles et d’archives collectées au Musée Nicéphore abordant l’invisibilisation des corps et des récits liés aux diasporas vietnamiennes dans le sud de la France. «La Rizière était le nom du restaurant de mes grands-parents dans l’Aude. Je me souviens des bols en porcelaine aux motifs bleus reposaient sur les tables, l’odeur chaleureuse du riz cuit se mêlait à la nausée des haleines imprégnées de saké. Là, le riz est consommé non seulement comme aliment, mais aussi comme objet de fétichisation et de rituel. Les plats sont associés à de l’alcool de riz, servi dans des verres à saké ornés d’images kitsch de corps asiatiques cachés — reflétant le regard occidental tout en déformant leur signification culturelle.  Pendant ma résidence, j’ai exploré les archives liées aux origines des rizières en France, le rôle des travailleurs forcés indochinois dans l’introduction de la riziculture lors de la seconde guerre mondiale en France. La recherche m’emmène plus loin, je m’intéresse aussi à ce qui fait échos : les plats à base de riz et l’alcool de riz, les croyances liées à cette céréale, les écosystèmes aquatiques de la rizière et à leurs organismes vivants, ainsi qu’aux représentations des hommes et femmes asiatiques vues d’un point de vue occidentalisé. Je collecte des verres à saké que je répare en remplaçant les images de nu·es par les images collectées. Ces verres réparés deviennent des témoins résistants, reflétant une mémoire recomposée qui interroge l’effacement des corps et des récits. »

— Prune Phi


> Article du musée Nicéphore Niépce  <


Prune Phi, «Bottoms up», photographie numérique ,2025

Iconographie / collections musée Nicéphore Niépce.

http://prunephi.com/

© musée Nicéphore Niépce & © Ville de Chalon-sur-Saône / Christelle Ferreira

IN TWO V

19 janvier —
10 février 2024

 

TENTATIVES DE SAUVETAGE

« On ne peut naturellement déplorer que ce qui manque, ce qui a disparu – et dont nous est parvenu un quelconque vestige, un signe, parfois à peine plus qu’une rumeur, une trace à moitié effacée, les répercussions d’un écho ».

Judith Schalansky, Inventaire de choses perdues,
Ypsilon Éditeur, Paris, 2023, p. 17.

 

Emilie Soumba et Louis Simonnet sont tous·tes deux diplômé.es de l’Isba de Besançon, la première en juin 2022, le second l’année d’après. Leur travail ne s’était pas rencontré dans les espaces de l’école. Pourtant, il y a un effet d’évidence dans le dialogue proposé par les deux artistes aux Ateliers Vortex, affirmant par là, le propre même de l’évidence, à savoir qu’elle est le fruit d’un travail, d’une recherche, d’une construction.

L’exposition devient ainsi le lieu où se révèlent les lignes partagées du travail de chacun.e , autour

du geste de glaner dans le réel, ce qui n’a pas, peu ou plus de valeur, aux yeux des individus, des entreprises, de la société ;

du souci de la valorisation de ces choses (par la peinture, par la couleur, par l’ornementation, par le soin et l’attention qui leur sont accordés,…) ;

de la fabrique de paysages.

Comme un préambule, la juxtaposition d’une peinture de Louis Simonnet et d’une sculpture d’Emilie Soumba, en bas des escaliers qui conduisent à l’espace d’exposition, énonce ce qui les rassemble et ce qui les distingue. Elle pose également la proposition, joueuse, des deux artistes qui ont choisi, le temps de l’exposition, de créer des complémentarités entre leurs oeuvres : la sculpture de la série En passant d’Emilie Soumba pouvant presque s’insérer ou être issue des espaces de la toile présents en réserve dans le feuillage de l’arbre peint par Louis Simonnet, Sureau. Les médiums de prédilection de chaque artiste y sont également annoncés.

Mais si ce premier point de vue nous confronte, de près, à un paysage arboré et à un corps organico-artificiel, l’exposition ouvre des horizons plus vastes, entre ciel et mer, où les corps se sont, pour l’essentiel, éloignés ou absentés.

Entre ciel et mer

Une toile de parapente tombée du ciel prend des allures de canoé dégonflé.

Posée au sol, cette toile fuchsia teinte l’espace de l’exposition, réfléchit ses lumières, organise sa circulation, ménage des points de vue, pose le décor.

L’exposition en effet semble composer un paysage où s’affirment, distinctement, dans les toiles de Louis Simonnet, des représentations d’étendues lointaines, de mers, de cieux, que les sculptures d’Emilie Soumba réfléchissent et prolongent, parce qu’elles s’y trouvent associées.

Ainsi, face à la peinture Horizon représentant la lune sur toile bleue, les reliefs de la sculpture ronde en polypropylène de la série des Extractions liquides se transforment en cratères, et les couleurs noire, argentée et bleue nuit se révèlent cosmiques. De même, devant la bâche bleue du Rêve d’été, Instinct grégaire prend les allures d’un banc de poissons en mouvement. Il s’agit pourtant de purges de machines industrielles de production de contenants en plastique, aux formes aléatoires, que l’artiste a récupérées puis repeintes, choisissant des couleurs vives et contrastées, bleu, jaune, rose, non imitatives, qui maintiennent, jusque dans leurs titres, l’ambiguïté de leur provenance, de leur forme et de leur destination. Une des forces du travail d’Emilie Soumba réside d’ailleurs dans la dimension suggestive et métamorphique de ses oeuvres.

Il ne s’agit donc pas de déterminer ou d’imposer un sens de lecture à ses sculptures. Et pourtant, ici, les paysages maritimes et célestes, comme les images potentielles de lune et de poissons qui planent et flottent dans l’espace, renforcent l’intention qui préside au travail des deux artistes : présenter, en plein naufrage, leurs tentatives de sauvetage des choses perdues.

Choses perdues

Les deux artistes partagent en effet un souci profond pour les rebuts de la société : ces objets et matières perdu.es, oublié.es, souvent rejeté.es ou sur le point d’être jeté.es, déclassé.es, sur lesquelles on aurait même jamais porté un regard, parfois encore tombé.es du ciel.

Il en est ainsi de l’ensemble des toiles utilisées par Louis Simonnet comme supports à ses peintures : de la toile de parasol recouverte de lichens au fil des saisons passées en extérieur, qui donne lieu à Horizon ; de la toile de lin utilisée pour éteindre un départ de feu dans un champ (Feux) : de la toile de parapente, utilisée, comme un ready-made, pour refléter l’espace en fuchsia (Nova) ; des toiles achetées en seconde main, des bâches, utilisées pour peindre… Chaque fois, les formats, textures, couleurs et histoires de ces fonds engagent la teneur des gestes, plus ou moins discrets, que propose le peintre sur la toile. Parfois, ces gestes consistent simplement à enchâsser la toile, à la tendre, à la détendre. D’autres fois à y peindre une figure, une lune, un nageur,…. affirmant le potentiel pictural du support qui, par ce simple ajout, devient mer ou ciel nocturne. Parfois, c’est le titre seulement, qui nous rappelle l’origine du support. D’autres fois encore, l’artiste recouvre la toile, en prenant soin de laisser quelques réserves, quelques espaces vierges, devenant des lieux de projection pour l’imagination.

Souvent, ces ajouts et réserves perturbent les illusions de profondeurs avec laquelle jouent le peintre et la peinture.

Souvent, ces ajouts et réserves jouent sur le sens de lecture du travail, comme avec Feux, sur laquelle Louis Simonnet a superposé à la suie, des empreintes de confettis, collées puis décollées de la toile, pour évoquer la nature duale du feu, à la fois festive, chaleureuse, et dangereuse et dévastatrice.

Devant ce feu, de sécheresse et d’artifice, se trouve Macadam Tripode d’Emilie Soumba :  barrière de chantier éventrée, à la peau noire et à la chair rouge, agrémentée d’autres objets en plastiques et de bijoux, trouvés par l’artiste sur le chemin entre son atelier et son domicile. Cette pièce, comme l’ensemble des sculptures et reliefs de l’artiste, témoigne de l’attention qu’elle prête aux objets déchus et abandonnés dans l’espace urbain. Confrontant et assemblant les restes abimés aux souvenirs perdus, Emilie Soumba ornemente ses pièces et y apporte une certaine familiarité qui nous permet de nous en rapprocher, physiquement et émotionnellement.       

Tentatives de sauvetage

Derrière le parapente échoué, Cric, crac, bzz,… reste, comme une amphore, un vestige archéologique venu d’un temps et d’un espace lointains, d’une civilisation passée. Il s’agit pourtant de l’assemblage d’un ballon de basket, d’une cruche en faïence et de câbles d’écouteurs trouvés, eux aussi, sur le chemin quotidien de l’artiste. Archéologie de notre époque, il flotte dans l’espace, témoignant d’une présence humaine absentée.

En regard, le nageur, dans l’immensité bleue du Rêve d’été, lève le bras, nageant le crawl ou appelant à l’aide, rappelant que la mer, si elle est un lieu de plaisir pour les un.es, est celui de la fuite et de la tragédie pour d’autres.   

À l’heure où la loi immigration vient d’être votée, les tentatives de sauvetage métaphoriques et sensibles que mènent Emilie Soumba et Louis Simonnet m’apparaissent comme un écho à l’urgence à déployer, à l’échelle de la France, de l’Europe, dans les rues, en pleine mer, auprès de celles et de ceux que notre société rejette et abandonne.

Claire Kueny,  décembre 2023

 


EXPOSITION DE LOUIS SIMONNET & ÉMILIE SOUMBA

 » HORIZONS LIQUIDES « 

PERFORMANCE LIVE DE DEEAT PALACE

Exposition 19 janvier – 10 février 2024

> Émilie Soumba<

> Louis Simonnet <

La pièce sonore a fait l’objet d’une captation, diffusée ultérieurement sur Youtube et accessible sur les réseaux des Ateliers Vortex et d’Ici l’Onde.

 


Télécharger le communiqué de presse <

 


Crédits photographiques : © Pauline Rosen Cros, 2024