PRIX IMPRESSION
PHOTOGRAPHIQUE

Expositon hors les murs
Boutique du FRAC les Bains du Nord
17 avril — 18 mai 2015

> Charlotte El Moussaed <

Née en 1987,
vit et travaille à Paris.

Dans la même logique que le dispositif de production de multiples d’artistes récemment mis en place, Les Ateliers Vortex ont proposé cette année une bourse de production photographique destinée à soutenir la jeune création contemporaine.

Cette démarche, soutenue par la Région Bourgogne dans le cadre de sa politique de soutien aux arts plastiques, porte un regard particulièrement attentif sur la valorisation de jeunes artistes et plus particulièrement en matière de création photographique contemporaine.

Suite à un appel à projet, l’artiste lauréate Charlotte El Moussaed a reçu une bourse de production dotée par le conseil régional de Bourgogne lui permettant de réaliser deux tirages photographiques (un exemplaire d’artiste numéroté et signé et un exemplaire d’exposition pour Les Ateliers Vortex destiné à une présentation et diffusion).

Le prix a été remis lors de l’exposition de la photographie à la boutique des Bains du Nord au FRAC Bourgogne à Dijon au mois d’avril.

> www.charlotteelmoussaed.com <

La pratique photographique de Charlotte El Moussaed est scandée par un petit nombre de sujets qu’elle explore de manière quasi-obsessionnelle, se rangeant en cela à l’avis de l’Umberto Eco des Confessions d’un jeune romancier, qui soulignait la vertu de la «définition par liste de propriétés contre la définition par essence». De la sérialité érigée en système à la conclusion qu’il s’agirait là d’une tentative de ressaisir les apparences fluctuantes des choses et des êtres dont elle fait le portrait, il n’y a qu’un pas; un pas qu’il faut bien se garder de franchir. Car les relevés qu’elle dresse sont loin d’être linéaires: chez Charlotte El Moussaed, le relativisme est exclu; tout ne se vaut pas, et c’est précisément ce qu’il importe de donner à voir. L’irruption de la couleur traitée en aplats, l’objet qui fait retour par l’attention portée au socle ou encore la hiérarchisation des images par la mise en relief de certaines parties au moyen du châssis creusent l’écart avec l’esthétique deadpan de l’école de Düsseldorf dont on retrouve certains échos formels. 
Centrale à son travail, la série Totem et tabou, présentée lors de son diplôme et qu’elle continue à augmenter aujourd’hui, précise la conception élargie du portrait qui est la sienne: à la manière de clichés d’acteurs sur fond d’incrustation sont photographiés divers objets du quotidien, qui se détachent sur un paysage projeté provenant de diapositives glanées au hasard des marchés aux puces. Une manière d’en appeler autant à l’interprétation associative libre que d’animer ces objets, loin d’être «sans qualité [1]» d’une énergie mythique: totémique, résolument.

— Ingrid Luquet-Gad

[1]
Robert Musil,
L’Homme sans qualités,
1930-1932

Photographies:
© Charlotte El Moussaed, 2015