TAKE SHELTER
Exposition hors les murs
Association Bourguignonne Culturelle
12 mars — 5 mai 2015
L’exposition «Take Shelter»
s’inscrit dans le cadre
d’une collaboration avec la structure
culturelle l’ABC à Dijon.
> Marion Lemaître <
Née en 1988,
vit et travaille à Dijon.
Marion Lemaître est une artiste française née en 1988. Elle obtient son diplôme supérieur d’art plastique avec les félicitations à l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon en juin 2014. Son travail se déploie par le dessin, la sculpture ainsi que par la photographie. Celui-ci vise à constituer les pans d’un monde interstitiel formé de fissures routières et de collines antiatomiques où germent des installations anguleuses énigmatiques. Elle questionne par ces constructions métamorphosées la mise en place de systèmes, jaugeant les anxiétés de nos sociétés. La notion de territoire guide sa manière de reconstruire des infrastructures de songe aux représentations très plausibles. Marion Lemaître nous fournit des pistes miniaturisées pour une évasion mentale et poétique.
Son travail se comprend dans la réappropriation d’un répertoire de formes liées aux dispositifs fonctionnels et avérés de la survie, de la protection par le béton. Ses dessins témoignent de l’envie de planifier via cartographies et vues de masses le fonctionnement d’abris antiatomiques inédits parmi une géographie émergente. Ils incluent également une représentation de systèmes utopiques dévoilés sous vues de coupe. Son trait au noir précis organise la rencontre entre architectures planes et sobres avec des condensés minéraux complexes que peut caractériser la montagne ou la rivière. Les sinuosités d’une érosion de terrain se mêlent à la tempérance des lignes de la machine souterraine, appliquée à sa fonction mystérieuse et silencieuse. Les œuvres dont il est question construisent des issues palliatives face à la dérive extérieure, composant un nouvel alphabet de chimères mécaniques d’acier et de roche. Ces formations naturelles-rationnelles construisent un territoire neuf, des continents organiques introspectifs.
Marion Lemaître s’intéresse à planifier une architecture en léger décalage, rendue invisible par ses projections souterraines. Ces abris antiatomiques personnels réinventent, non sans un certain humour, un mode de repli hyperbolique pour parer à la catastrophe terrestre qui s’annonce. Son dessin trace la frontière du réel et de l’inexploré, crée une topographie irréelle serpentée de réseaux de routes schématisées, parcellée de satellites bétonnés en rupture d’échelle. Le rapport au sol de ses pièces se juge à leur éloignement perceptible. L’artiste se sert de l’abri, du «shelter», comme un réservoir à possibilités, comme point de départ à scénarii proches de la science fiction afin de visualiser le comportement du repli chez l’Homme. S’inspirant notamment du roman La nuit des temps écrit par Barjavel en 1968, Marion Lemaître conçoit les plans fondamentaux d’un monde sous terre en parfaite autonomie à l’abri des regards nucléaires extérieurs. La protection prend alors le chemin de l’isolation, de l’autarcie qui revêt le graphisme esthétique de l’efficacité pulsée à base d’énergie volcanique centrifugée. Ce projet insensé de tombeau de défense nous fait prendre conscience des dérives de la crainte matérialisée et de son ampleur hallucinatoire. L’artiste nous invite à parcourir les tréfonds de la tectonique des plaques pour un voyage sensible au cœur de paysages inversés. Son œuvre dévoile la carte de lieux secrets dissimulés entre les lignes de notre monde tangible. Dès lors, nous pouvons nous y projeter, nous y réfugier.
— Romain Doidy
Le passeur
Polystyrène, béton et zinc
140 x 160 x 220 cm
2015
Monolithe de béton déraciné, Le passeur prend des airs d’abri antiatomique exigu. Échoué sur le flanc, comme recraché par le tumulte des flots après une tempête; qui peut dire si la vie au dehors bat encore? Comme une sépulture égyptienne est conçue pour la vie éternelle de ses occupants, l’abri-refuge garantit la survie éternelle, la passage d’un état à un autre sans altération des contenus.
Constellation I, II et III
3 dessins extraits de la série Constellations
50 x 70 cm
2014
Les constellations font état de géographies utopiques pouvant faire référence à Stalker de Tarkovsy, La Belle et la bête de Cocteau ou tout droit sorties de nulle part. Il s’agit de mettre en avant les systèmes qui régissent ces lieux imaginaires. Plus que du lieu à atteindre, il est question du ou des chemins à emprunter pour s’y rendre. Le centre de ces ensembles est immaculé, laissé vierge afin que chacun puisse s’y projeter, s’y réfugier.
Gondawa I
Dessin
87 x 90 cm
2014
Gondawa dans l’œuvre de Barjavel est une ville souterraine. Gondawa I c’est une structure de repli pour une civilisation en sursis, c’est un vase clos, un peuple qui se referme sur et sous lui-même ne laissant comme seul moyen d’accès qu’un puits étroit prêt à se refermer. C’est une architecture totale impalpable, un abri antiatomique devenu tombeau d’une population entière.
L’énergie universelle
Dessin
75 x 105 cm
2014
Il se mêle dans ce dessin, volcan et réacteur nucléaire, deux vecteurs d’énergies hors normes. La fission nucléaire du réacteur donne naissance au magma en fusion du volcan. L’ensemble est représenté dans une perspective vue en coupe afin de pouvoir observer le cœur du processus, de la formation de l’énergie brute à la propulsion du magma à travers la croûte terrestre, à la manière d’un plan technique.
Photographies:
© Les Ateliers Vortex, 2015