HISTOIRES DE DIJON ET DE BOURGOGNE
Exposition
Du 9 septembre au 5 novembre 2022
> Emma Riviera <
Emma Riviera est née en 1995 à Paris. Elle vit et travaille entre Marseille, Arles et Paris. Après une licence en cinéma, elle intègre l’École supérieure de photographie d’Arles en 2017. C’est grâce à cette double approche, entre cinéma et photographie, que son travail assume une force narrative particulière. L’image, bien que statique, ne l’est jamais vraiment, en donnant lieu à des séries qui se conçoivent toujours comme des explorations, des périples, des récits envoûtants aussi mouvementés et captivants que des documentaires.
Les histoires se construisent autour de la rencontre. Rencontre de l’autre, rencontre du spectateur, rencontre d’un territoire : l’altérité est au coeur de la démarche, dans une époque où la photographie est bien souvent tournée vers le “soi”.
Emma Riviera voyage dans les communes françaises que l’actualité néglige : de l’ambiance un peu surréelle de Fos-sur-Mer aux habitants de Niort avec leurs histoires fascinantes, en passant par les “sorcières”, les marginaux, les vagabonds, celles et ceux qui sont sortis d’un tissu social excluant.
Ce sont des modes de vie autres qu’urbains qui attirent l’objectif de la photographe. Éminemment sociale, tout en restant résolument poétique, la photographie d’Emma Riviera tisse un lien entre des vies éloignées.
Le processus de monstration est, lui aussi, voué au partage : lors de moments d’échange avec le public, la photographe raconte des souvenirs et des anecdotes.
Le style est spontané, au plus près de ses sujets et du réel. Sans fioritures, et pourtant rempli de délicatesse et d’attention envers celles et ceux qui acceptent de se dévoiler. Une photographie qui privilégie la simplicité, autant dans les moyens déployés que dans l’approche des sujets. Les clichés sont tendres, comme ces photos de famille où les grands-parents, avec leurs rides magnifiques, semblent surpris par le flash un peu trop fort. Ils affichent souvent des sourires timides et pourtant fiers, solennels et pourtant ironiques… ils ont tous la classe dans ces photographies intimistes aux couleurs saturées.
Dans son processus, Emma Riviera fait le choix du soin, de l’échange, et parfois même de la vulnérabilité et du grotesque. Ces récits sont ceux d’une exploration à la frontière entre la norme et la marge.
Résidente à la Villa Pérochon en septembre 2021, elle a entamé une pérégrination à travers des villes françaises en commençant par Niort. Elle transforme alors sa résidence dans le Marais Poitevin en virée touristique, en tirant le portrait des habitants et en les accompagnant de cartes postales qui retranscrivent leurs histoires. Un homme dangereux, un sex-shop poussiéreux, une légende locale.
Mais aussi de la station spatiale Mir, un gosse avec son chiot, une foire de tracteurs qui ressemble aux États-Unis. On plonge dans les chroniques de Niort comme dans un roman contemplatif, parsemé de mystère et enveloppé dans un silence surréel et parfois franchement drôle.
À l’été 2022, Emma Riviera poursuit sa résidence aux Ateliers Vortex à Dijon. C’est ici qu’elle continue son enquête photographique.
L’ambiance se fait plus sombre que lors du précédent voyage à Niort : nous sommes enveloppés dans une atmosphère qui côtoie l’étrange. Histoires de Dijon et de Bourgogne retranscrit l’ambiance envoûtante du Morvan. C’est dans cette région naturelle que s’est concentré le travail d’Emma Riviera, happée par les paysages vigoureux et enveloppants.
Pendant cette résidence, la photographe a arpenté les alentours de Dijon, à la rencontre de personnages et de lieux aux allures de Twin Peaks. Pascal, ancien cheminot et photographe, fasciné par la “poésie ferroviaire”, a parcouru la Bourgogne en long et en large. Il évoque la nuit où il a dû faire face au premier accident sur les rails, mais aussi la fois où il a rencontré un énigmatique chasseur de vipères… On croise ensuite René, l’aubergiste fan de Mitterrand (on découvrira que beaucoup de Morvandiaux sont fans de l’ancien Président, qui fut député non loin d’ici), qui a racheté l’intérieur d’un pub en style anglais pour décorer son auberge en hommage aux années qu’il a passées à Londres. Janine, qui connaît le Morvan comme ses poches, est gardienne de son histoire particulière… et de la recette d’un dessert rare, le crapiaux.
Entre maisons qui prennent feu, le retour du lynx, les champs de sapins de Noël et bien d’autres histoires, on pénètre dans un récit aux airs de réalisme magique sud américain. Le tout, au cœur d’une canicule omniprésente, étourdissante, irréelle.
Costanza Spina
Septembre 2022
> Télécharger le communiqué de presse <
> Télécharger la fiche pédagogique <
> Conversation du 5 novembre 2022 <
Photographies : © Siouzie Albiach, 2022