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AURORE-CAROLINE MARTY

Née en 1985,
vit et travaille à Dijon.

Diplomée en 2010 d’un DNSEP à l’école Nationale Supérieure d’Art de Dijon, Aurore-Caroline Marty débute en tant qu’assistante personnelle de Marc Camille Chaimowicz en parallèle de sa pratique plastique. Elle rejoint Les Ateliers Vortex en tant que chargée de communication et de production en mai 2015.

>www.aurorecarolinemarty.com<

«To reveal art and to conceal the artist is art’s aim.»
Oscar Wilde

Cette phrase de la préface du Portrait de Dorian Gray nous inspire la question suivante: que révèle l’art d’Aurore-Caroline Marty et que cache-t-il de l’artiste.
En tant qu’artiste Aurore-Caroline Marty crée des dispositifs. Ils contiennent un facteur technique ou bien, comme le définit Michel Foucault, un réseau qui lie des éléments. Un exemple de dispositif est le panoptique, la fameuse prison de Jérémy Bentham, dans laquelle une seule personne peut surveiller l’ensemble des prisonniers. Le Panoptique a pour but «d’assurer le fonctionnement automatique du pouvoir [1]». La fonction primaire des dispositifs d’Aurore-Caroline Marty est de montrer. À l’inverse du panoptique de Bentham dont le gardien voit tout d’un coup d’œil, le spectateur voit dans les œuvres comme The Last Gate ou Totem un dispositif qui a la fonction de montrer sans que l’on ne voit rien. Ce dispositif est constitué de socles qui mettent en valeur le vide. Bertrand Lavier crée des objets soclés, Aurore-Caroline Marty construit des socles sans objets. Même si ces socles montrent quelque chose, c’est uniquement pour faire diversion, pour mieux camoufler un vide béant, ce vide qui nous entoure, prêt à nous happer à chaque moment. Cette proposition artistique exprime ainsi une préoccupation principale de notre société de divertissement qui est de mettre en avant ce qui n’a pas d’intérêt. Le pouvoir de représentation est plus important que son contenu.

Ces œuvres posent aussi trois problématiques, autour desquelles Aurore-Carole Marty développe son travail. Le problème psychologique lié à l’ambivalence entre le faire apparaître et disparaître que Sigmund Freud a observé dans le jeu du fort-da, le problème épistémologique exprimé par la question: rêvons-nous ou existons nous, et le problème métaphysique de savoir s’il existe autre chose en dehors du monde visible et de nous-même. Ainsi dans ses œuvres ce n’est pas l’arbre qui cache la forêt mais c’est le socle qui cache la sculpture. S’agit il de nous faire voir le «rien à voir / rien avoir» ou tout simplement d’un autre divertissement? On est tenté de répondre que ces dispositifs ont pour but de suspendre le jugement au sens positif que donnait les Sceptiques à l’époché, ou la suspension du jugement pour atteindre la paix de l’âme.

Des socles qui ne portent rien n’ont pas besoin d’être de marbre. Comme les planches de nos scènes et plateaux télé ou les îles de la télé-réalité de Koh Lanta, mais aussi comme les estrades d’échafauds et de guillotines, ces matières sont des matières pauvres, des matières de camouflage hallucinatoire, qui nous font croire ce qu’elles ne sont pas. Contrairement au marbre peint des sculptures antiques qui imitait la chair pour chanter le pouvoir des héros et des dieux, les imitations de marbres n’ont pas de chanson. En tant qu’imitations, elles imitent en se donnant à voir telles qu’elles sont, pures imitations qui ne font pas semblant. Pourtant, le toc, ce bruit des matériaux factices, est un son de cloche nouveau. Un son de cloche auquel on prête une morale, une morale de pauvre, peut-être une morale cachée, mais une morale certaine.

— Fabian Stech

[1]
Michel Foucault,
Surveiller et punir, Naissance de la prison,
Paris, 1975, p. 202.

LÉGENDES


1
The mirage
Contreplaqué, mousse, buste en polystyrène, divers accessoires de décoration
Dimensions variables
2015


2
Apollo
Médium, peinture acrylique, dalles de polystyrène,
pompon doré, vase en céramique
280 x 280 x 30cm
2015


3
The last gate
Bois, papier peint, suspension décorative
200 x 180 x 70cm
2015


4
Totem
Bois, carton ondulé, tissu, bombe acrylique, cuivre
200 x 150 cm de diamètre
2015


5
Vénus
Carton, papier à paillettes, guirlandes
300cm de hauteur
2014


6
Sans titre
Bois, peinture, boules à paillettes, fleur lumineuse à fibre optique, bolduc
200 x 200 x 100cm
2015


7
Lily
Papier kraft, adhésif, tissu
Dimensions variables
2013


8
The island
Bois, peinture, linoléum
Dimensions variables
2012


9
You’re the one
Bois, formica
120 x 80 x 125cm
2012


10
Genesis
Bois, peinture acrylique
140 x 60 x 110cm
2012